Jazz In Lyon

RhinoJazz: l’amphi pour sanctuaire aux oraisons inspirées et lumineuses de Raphaël Imbert et son quartet.. mbert

A n’en plus douter Raphaël Imbert est un personnage à part dans l’univers du jazz actuel et il l’a encore démontré ce samedi à l’Amphithéâtre de l’opéra de Lyon. Excellent pédagogue, chaque morceau est porté par une parole incarnée et passionnée, un sens identitaire qu’il transmet avec beaucoup de légèreté et d’humour. Cette passion l’a ramené à Oraison, village de Haute Provence où il a séjourné durant ses jeunes années, un village ,nous raconte t’il, où le nom de chaque rue honore la mémoire des habitants de cette bourgade, morts pour la France lors de la « grande guerre ». Une exclusivité en France, point de rue Jean Jaurès ou d’avenue Charles De Gaulle à Oraison! Pour autant, ce projet « Oraison » n’a rien de sinistre tant dans le jeu que dans l’évocation, plutôt une exploration intime , une furieuse envie de communiquer ce souffle de vie qui l’anime depuis de longues années. Oraison possède un double sens, communément, un discours religieux prononcé à l’occasion des obsèques d’un personnage illustre et en provençal (auresoun) il fait référence au souffle du vent. Vous l’aurez compris Raphaêl Imbert honore la vie, point de commémorations funèbres!

Alors rien d’étonnant qu’il ait envie de magnifier furieusement ce qui fait source pour lui. Son jeu de saxophone est plus que jamais habité par un désir de vie, une sensualité à fleurs d’anches dans chaque compositions et reprises comme un enfant (du pays) éructant des cris délurés et jouissifs. Bien entendu, il ne pourrait communiquer cette passion sans le fabuleux quartet qui l’a accompagné: Mourad Benhamou à la batterie, un toucher élégant , d’une plasticité délectable, Vincent Lafont au piano, pierre angulaire de l’ensemble avec des soli d’une délicate beauté et Le délicat et puissant jeu groovy de Pierre Fénichel à la contrebasse. C’est son groupe coltranien avec lequel il avait proposé une relecture de  » A love supreme » à Marseille il y a quelques années.

Un moment de bonheur où les compositions de Raphaël Imbert fusent, énergiquement déployées et subtilement enveloppantes. Un jazz coloré et  chaud qui crée de la perspective en soi et avec les autres. l’alternance du furieux et du paisible captent l’auditoire et nous voici invité à l’un des sujets de prédilections du saxophoniste: La dimension du sacré dans le jazz. Un public conquis par ce moment de grâce exceptionnel.

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