Jazz In Lyon

Rachel Therrien à Parfum de Jazz : dans le monde séduisant d’une trompettiste canadienne

La jeune femme aura repris la quasi intégralité de son dernier album, Vena, qui conjugue douceur, poésie, nourrie de multiples évocations de ce qui a construit la jeune femme. Autour d’elle, un quartet formant un carré parfait…

Rachel Therrien ? Un quartet en sorte de carré parfait pour livrer sur une petite place ventée, très ventée, de Saint-Restitut dans la Drôme, un concert savoureux,mercredi 18 août, inspiré voire dicté par son dernier album, Vena, enregistré avec les trois mêmes musiciens qui l’accompagnent sur scène.

Rachel Therrien ? Une musicienne canadienne qui vit depuis quelques années à New York, scène du jazz par excellence où, nous dit-elle, « jouent et vivent quantité de jeunes musiciens », dont ceux qui sont avec elle ce soir.

Rachel Therrien ? Une façon de s’approprier la scène et la salle. Un art de présenter les morceaux joués, leur origine, leur identité, avec une empathie qui emporte l’adhésion d’un public un peu réfrigéré par un mistral force 20 qui s’abat sur la petite place. V for Vena ? C’est donc le titre de l’album dont elle va reprendre la plus grande partie ce soir-là à Parfums de Jazz qui fait étape à Saint-Restitut, havre de paix sis en Drôme provençale.

V comme le vol des Bernarches, nous explique-t-elle, oiseau assez incroyable de belle taille (une oie avec un long cou noir) et qui a la particularité de pouvoir effectuer des vols de 1 000 kilomètres en une journée, assurent les spécialistes. Pour ce faire, elles ont recours à un permanent changement de leader de leur formation en V, celui qui ouvre le ciel et la voie à ses congénères jusqu’au moment où une autre bernarche vient le remplacer. D’où le ton de cet album qu’on ne saurait recommander.

     Un invité sur la scène lors de ce concert, Alain Brunet, président de Parfum de Jazz et musicien qui a scaté avec la trompettiste..

Avant de jouer ce VforVena, la trompettiste prend la peine d’expliquer tout ça par le menu. C’est charmant, façon temps qui passe sur fonds d’été qui s’étire. Mais ce serait oublier ce qui suit : une trompettiste-bugliste qui mêle force et précision dans chacune de ses interventions, qui place l’instrument avec une légèreté surprenante.

Plus que la trompette, son phrasé au bugle est d’une extrême séduction, instrument très présent dans cet album enregistré l’an dernier à la demande pressante de son producteur en pleine épidémie de Covid. Trompettiste mais aussi compositrice : et l’album VforVena, son quatrième, en est la parfaite illustration.

Autour d’elle des musiciens qu’elle a choisis. Vu du Canada, cela forme un « quartet européen » : la batteuse, Mareike Wiening est allemande, le pianiste, Daniel Gassin français et le contrebassiste Dario Guibert est espagnol. Mais allez savoir, on les soupçonne fort de s’être rencontrés et unis à New York.

Qu’il s’agisse d’une intro à la basse comme dans ce Pigalle ou ces thèmes où Rachel Therrien et le pianiste s’en donnent à cœur joie, il y a dans ce quartet une harmonie palpable de bout en bout, bien mise en valeur par les drums à intensité variable mais toujours attentionnés de Mareike Wiening. On en oublie le froid, le vent, le lieu. Jusqu’au moment où en rappel, toujours aussi heureuse d’être sur scène, Rachel Therrien parvient à convaincre Alain Brunet de troquer son costume de président de Parfum de Jazz pour celui de musicien. N’ayant pas joué de trompette depuis plusieurs jours, il optera pour un scat d’une étonnante facture.

L’exercice n’a rien d’évident. Après le concert, la jeune femme nous confiera d’ailleurs que ce fut la première fois qu’elle-même tenta de chanter ce langage si particulier et si complexe, en tentant de lui donner la répartie.

Ça se passe à Parfum de Jazz….

                                                                                Parité assurée…

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