Jazz In Lyon

Piano : le jazz fait aussi les belles soirées du festival de La Roque d’Anthéron

Certes, ce festival qui fête sa 42ème édition est d’abord un festival tourné vers le piano classique, accueillant chaque année tous les plus grands pianistes du monde. Mais le jazz n’est pourtant pas absent de l’évènement : cette année, La Roque d’Anthéron accueille Arielle Besson, Paul Lay, Yaron Herman, Eric Legnini, Pierre de Bethmann, Bojan Z et Baptiste Trotignon. Et finissait avec le trio de Noël Huchard.

La Roque d’Anthéron ? On ne pense pas forcément à ce festival basé dans les Bouches-du-Rhône pour y écouter du jazz. Normal ? Peut-être pas. L’évènement qui en est tout de même à sa 42ème édition, se déroule dans le village du même nom du 18 juillet au 20 août. Un festival dans la nature, sous les platanes et les séquoias, tout entier consacré au piano : si on fait bien les comptes, depuis ses débuts, le festival de la Roque d’Anthéron a accueilli 700 pianistes pour 2 500 concerts qui ont accueilli quelque 2 millions de personnes (chiffres fournis par le festival). Évidemment parmi eux les plus grands pianistes de la planète ou appelés à le devenir. Ce soir-là, dimanche 7 août, soirée un peu particulière consacrée à l’un des pianistes les plus attachés à ce festival : Nelson Freire disparu en novembre dernier : il était venu pour la première fois ici en 1982 et depuis était revenu tous les ans. D’où cette soirée hommage intense voulue par les organisateurs.

Alain Jean-Marie et Diego Imbert dans un hommage à Bill Evans

Mais si l’on évoque ici l’évènement, c’est aussi que le festival ne se contente pas d’inviter pianistes et compositeurs classiques. Le jazz et la musique improvisée y ont aussi leur part, même si ces deux dernières années, la menace du Covid avait amené les organisateurs à le mettre entre parenthèses.

Pour cette 42ème édition, se sont succédés ici quelques belles formations (le 19 juillet) le duo d’Alain Jean-Marie (piano) et de Diego Imbert (cb) pour un « Interplay, hommage à Bill Evans », suivi d’Abdullah Ibrahim pour un « Solitude » très attendu. Le reste a été à la dimension des premiers : le 20 juillet, c’était au tour d’Arielle Besson à la trompette d’improviser sur ce «Try » en compagnie d’Isabel Sörling (voix), de Fabrice Moreau (dr) et de Benjamin Moussay (piano). Suivait le Paul Lay trio : le pianiste devenu quelque peu incontournable ces derniers mois était escorté pour ce « Deep Rivers » d’Isabel Sörling et de Simon Tailleur à la contrebasse. Est-il besoin d’ajouter que son dernier CD n’est pas pour rien dans cette reconnaissance grandissante.

De Yaron Herman à Eric Legnini

Ajoutons-y le lendemain le Yaron Herman trio : le pianiste étant accompagné de Sam Minaie à la contrebasse et de Ziv Ravitz aux drums et cet étonnant « Piano forte – jazz à 8 mains » qui a suivi : carrément quatre pianistes et non des moindres de la scène jazz débarquant ensemble sur la scène de la Roque d’Anthéron : Baptiste Trotignon, Bojan Z, Eric Legnini et Pierre de Bethmann. Une étonnante expérience.

Avec cette séance, on n’en avait pour autant pas fini avec le jazz au coeur de ce festival pourtant tout entier tourné vers le classique. Ainsi le 25 juillet ce fut au tour de Cleyia Abraham de réunir autour d’elle un Quartet pour un concert : à ses côtés Romain Habert (gr), Samuel P’hima (cb) et Andy Berald. Le lendemain ? Charles Heisser était présent en trio, escorté de Baptiste Archimbaud (cb) et de Thimotée Garson (dr). Bref, est-il besoin d’insister sur l’étonnante programmation jazz d’un festival pourtant dévolu au classique ? Il y a quatre jours, c’est Noël Huchard qui a été invité à conclure la dimension jazz de La Roque d’Anthéron. Lui aussi était en trio : un écrin composé de Clément Daldosso (cb) et de Donald Kontomanou (dr). Un pianiste de 23 ans, déjà aguerri sur les scènes parisiennes et qui a profité de ces dernières années pour empocher quelques prix et « Awards  »à même de vous bâtir rapidement une réputation.

L’essentiel est moins là que dans cette volonté et cet art qu’a ce festival à rapprocher des musiques qui restent souvent éloignées même si l’essentiel des pianistes cités ci-dessus ont souvent démarré par de solides études classiques avant de découvrir les charmes de la musique improvisée.

 

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