Jazz In Lyon

Passage de témoin à l’Amphi de l’Opéra de Lyon : Olivier Conan succède à François Postaire

Après trente-trois ans passés à New-York, il rejoint l’Amphi. Musicien (guitariste), créateur d’un club de musique et d’un label à Brooklyn, il fuit les frontières trop définies entre genres musicaux.

Fin de l’année dernière, François Postaire, directeur de l’Amphi de l’Opéra de Lyon, s’est retiré. Presque sur la pointe des pieds. Laissant à d’autres le soin de dresser le bilan de nombreuses années passées dans l’Institution à pousser les murs et à en élever d’autres. Dont l’Amphi. Ce lieu ouvert sur les musiques d’ailleurs, musiques du monde, abolissant frontières et continents pour ne retenir que les cultures dans ce qu’elles ont de plus authentiques. Dont le jazz, et la musique improvisée : entre des résidences choisies et exemplaires et Le Péristyle estival, « avocat » du jazz régional, cette autre scène de l’Opéra s’est forgée au fil des saisons une identité unique. On ne va pas y revenir.

François Postaire parti, c’est à Olivier Conan que l’Opéra a confié les rênes de l’Amphi. A peu près inconnu à Lyon et pour cause : venu de Paris, le presque jeune homme –repérable à sa casquette et son écharpe- a passé ses 33 dernières années à New-York/Brooklyn.

Epousant toutes les vocations suscitées par cette ville-rendez-vous. Musicien, fomenteur de musiques, programmateur, créateur de label et, au passage, s’investissant, il y a 15 ans, dans un nouveau lieu de musique : « Le Barbès ». « On l’a ouvert le 1er mai 2002. Tout petit, une programmation éclectique mais avec une grosse réputation chez les musiciens », résume-t-il. Le label, du même nom, a suivi en 2006. Il y tient particulièrement, au point de toujours veiller dessus aujourd’hui.

Mais, gare à ne pas établir de frontières trop définies entre genres musicaux. New-York, planète de jazz ? Sans doute. Mais surtout planète où toutes les musiques, courants, influences se donnent rendez-vous, s’entremêlent pour donner naissance à d’autres choses, à se métamorphoser en permanence. Mexique, Amérique Latine, Caraïbes venus en voisins.

D’ailleurs, dans le parcours d’Olivier Conan, guitariste, figure en bonne place la Chicha, musique péruvienne rythmée, faisant appel à nombre percussions aux côtés de la guitare et de l’orgue, et qui a vraiment pris de l’ampleur dans les années 70.

Rock, blues, jazz, salsa, Afrique, et autres ? « Les styles ne sont plus définissables ». Entre musiciens se mêlant de plus en plus. Regardant toujours plus loin. Adoptant ici des orchestrations d’ailleurs. Ou au contraire, imposant les leurs au loin.

                                                                       Olivier Conan (Photo JC Pennec)

Le parcours de musicien d’Olivier Conan est le reflet de cette ouverture : jouant avec Bebe Eiffel, Las Rubias del Norte ou devenant le leader de Chicha Libre. Ou promouvant, dans son label, Hazmat Modine ou Slavic Soul Party. Ou encensant Los Shapis, El Chico Trujillo ou les Meridian Brothers.

Autant de sonorités qui pourraient bien prendre rapidement le chemin de l’Amphi, surtout qu’on croit comprendre qu’en la matière, Olivier Conan a à peu près carte blanche.

En la matière, le nouveau directeur de l’Amphi prend ses marques et prépare à la fois le prochain Péristyle (à partir de début juin), plusieurs dates à l’Amphi à partir du 4 avril (« un peu plus « Musiques du monde »). Pour le reste, patience. Si 2018 verra un peu moins de jazz, 2019 verra le contraire. Ce qui se passe au Périscope, et la résonance que trouve la Cave auprès d’un public plus jeune, pourrait faire souche à l’Opéra, lui-même souhaitant que des gens hors de Lyon soient attirés par la programmation.

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