Jazz In Lyon

« Marmite infernale » : Les Hommes…..maintenant

Un étonnant concert-spectacle de la Marmite Infernale, rejointe pour l’occasion par Jean-Paul Delore, metteur en scène qui n’en est pas à son coup d’essai. A voir  le 11 février : au FIL à Saint -Etienne  et le 18 février ; au Carreau du Temple à Paris.

Quand le théâtre fait irruption dans la musique…..à moins que ce ne soit le contraire. On ne sait. La Marmite Infernale signe donc ici une étonnante création, spectacle tout autant que concert, qui prend le pari de faire endosser à chacun des musiciens des rôles sans cesse renouvelés.

Dans ce huis-clos musical ne cessent de se télescoper des tableaux qui sont autant de portes qui viennent éclairer ce monde d’hommes pris sur le fait, au quotidien, dans une magnifique banalité poétique.

Pour l’occasion, les membres de la Marmite se sont pliés à ce qui pourrait presque apparaître comme une savante chorégraphie, orchestrée d’un bout à l’autre par l’homme de théâtre Jean-Paul Delore qui n’en est pas à son coup d’essai avec ce grand orchestre.

Déjà, en 1997, la Compagnie de théâtre du Lézard Dramatique avait convié l’Arfi, dans une aventure presque semblable (Les Hommes). Vingt ans après, les revoilà donc ensemble. Certes, de l’eau a coulé depuis.

Ce qui explique, comme le précisent les piliers de la Marmite que près de la moitié des musiciens de la Marmite a été renouvelée depuis la première aventure.

Mais si l’on retrouve ici Jean Aussanaire ou Jean Bolcato, si Jean Méreu manque à l’appel, frappe la façon dont la « jeune » classe sait en tout cas mettre ses pas dans ceux de ses aînés, marquée par cette incessante inventivité, ce renouvellement perpétuel vers un inconnu musical qui ne se laisse jamais vraiment saisir.

Communauté soudée mais disparate

Le spectacle est tout d’une pièce. Cheminement dont on devient le complice et l’escorte, de ces hommes livrés à eux-mêmes et aux autres. Communauté soudée mais disparate qui nous révèle, sans le savoir, sans le vouloir, des destinées déjà bouclées. Si Les Hommes …..maintenant sont avant tout un concert de la Marmite, où l’on retrouve ses éclats de cuivre, ses silences, ses montées en régime, Jean-Paul Delore réussit à donner à cette musique un cadre scénique inédit, à fomenter à partir d’elle un spectacle dont on ne perd pas une miette : petits rituels des uns et des autres, échanges dérisoires, postures, gestes mécaniques….tout ici est calibré et se révèle crûment sous la brillance des cottes de maille dont se revêtent les quinze protagonistes. (On apprendra après qu’il s’agit en fait d’habits confectionnés à partir d’épingles à nourrice).

Une musique jouée en trois dimensions

Résultat : une musique jouée en trois dimensions vient sans cesse interpeller le regard et l’enrichir. Musique, théâtre mais aussi art pictural : quelques scènes se muent en véritables tableaux vivants, dignes allégories de ces thèmes moult fois traités par les grands, de la solitude au milieu des autres, de l’espoir, du désespoir, du courage ou de la faiblesse, quitte à atteindre le ridicule. A croire que Jean-Paul Delore s’est inspiré d’un Géricault ou d’un Delacroix pour camper scènes et personnages.

En quittant la Marmite, on a bel et bien le sentiment de laisser là un monde banal et inquiétant ; comme un miroir de nous-mêmes d’une effrayante justesse qui n’aurait cessé de scintiller vers le spectateur.

VidéoJazz : « La Marmite infernale », documentaire

-Création collective de La Marmite Infernale le 11 février au FIL à Saint-Etienne  et le 18 février ; au Carreau du Temple à Paris.

Regard extérieur / mise en scène Jean-Paul Delore
Costumes Catherine Laval
Son Thierry Cousin
Lumière Franck Besson

Avec Jean-Marc François, comédien
/ Jean Aussanaire (saxophones alto et soprano)
Jean-Paul Autin (saxophone sopranino, flûtes)
Michel Boiton (batterie, percussions)
Jean Bolcato (contrebasse)
Olivier Bost (trombone, guitare)
Eric Brochard (basse électrique)
Jean-Marc François (jeu, cornet)
Xavier Garcia (sampler, laptop, leap motion)
Clément Gibert (clarinettes)
Guillaume Grenard (trompette, trompette à coulisse, tuba, flûte traversière)
Christian Rollet (batterie, percussions)
Alfred Spirli (batterie, objets)
Guy Villerd (saxophone ténor, voix, électronique)
. Thierry Cousin (son)

Création ARFI 2015, en coproduction avec le théâtre de la Renaissance, avec le soutien de la Spedidam. Présenté dans le cadre de l’événement Eclats d’Arfi (www.arfi.org). Le Collectif ARFI, Association à la Recherche d’un Folklore Imaginaire, est subventionné par la Drac Rhône-Alpes, la Région Rhône-Alpes, la ville de Lyon et la SACEM. Avec le soutien de la Région Rhône-Alpes dans le cadre de l’APSV.

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