Jazz In Lyon

Les uns après les autres, les festivals de jazz jettent l’éponge

Après Jazz à Vienne, c’est Marciac qui vient d’annoncer que sa 43ème édition n’aura pas lieu, même si le festival n’était pas concerné par l’interdiction annoncée jusqu’au 15 juillet. En fait, la situation ne menace pas seulement les festivals organisés en juin ou juillet : tous les évènements culturels prévus jusqu’en septembre risquent bien d’être annulés.

Il y a quelques jours, au moment de quitter Manu Dibango pour toujours, on espérait, on comptait sur la 40ème édition de Jazz à Vienne pour tourner la page, pour renaître enfin dans une vie post-virus (et musicale). Finis le confinement, ses contraintes, son cortège de décès.
Et bien non.

D’abord, comme l’ami Dominique l’a écrit, et comme annoncé il y a quelques jours, il n’y aura pas de Jazz à Vienne, 40ème du nom. En tout cas pas cette année. On s’en doutait : dans la mesure où le gouvernement a fixé au 15 juillet la date des premiers rassemblements, tout ce qui précédait ne pouvait évidemment se tenir, que ce soit Jazz à Vienne, Les Nuits de Fourvière, le festival d’Avignon ou même les dernières dates de Francheville, ce petit village de l’ouest lyonnais qui a décidé de continuer à faire du jazz quand bien même le maire actuel en a décidé autrement (lire ci-dessous).

Toute la question était évidemment de savoir ce qui allait se passer après ce 15 juillet. Les organisateurs des festivals allaient-ils en profiter pour maintenir ? Pour annuler ? Pour organiser un événement allégé, moins lourd financièrement ?

Marciac annule purement et simplement

L’une des réponses les plus significatives –pour le jazz tout au moins- vient de tomber : Marciac, qui démarre traditionnellement fin juillet, vient en effet d’annoncer qu’il décidait à son tour de surseoir à l’événement. Côté dates pourtant, il y avait une chance : le festival avait déjà révélé quelques affiches alléchantes de son programme. Et, devant se dérouler durant la première quinzaine d’août, on pouvait penser qu’il allait se maintenir.

Surtout que dans les échos/rumeurs/suppositions qui nous arrivaient, il semblait qu’en effet la majorité des vacanciers d’août avait bien dans l’idée cet été de délaisser les avions et les longues distances pour plutôt se délasser dans l’Hexagone.

On vous renvoie au communiqué publié par Marciac à la sortie de son conseil d’administration du 21 avril : trop d’inconnues pèsent sur l’événement, sur les artistes, sur leurs tournées, leurs possibilités de voyager, sur le public, sur l’accueil des bénévoles sans compter les inconnues sanitaires, nous expliquent les responsables de l’événement qui allait fêter sa 43ème édition pour prendre le risque de l’organiser.

Ça Jazz Fort à Francheville : fin de la 5ème saison

Peu avant donc, c’était Ca Jazz Fort à Francheville, qui avait décidé de clôturer prématurément sa 5ème saison. Ainsi, le concert d’Eric Séva Quintet en avril comme ceux en juin de Amy & Al/Milim Jazz et de Gwen & Tania sont également annulés. Dommage pour ce festival qui se maintient en ne comptant que sur ses forces et l’intérêt du public depuis que la ville de Francheville s’est retirée de l’événement.

Bruno Tocanne : pas de 3ème édition de Jazz (s) à Trois Palis

Un peu plus loin, c’est l’ami Bruno Tocanne, percussionniste et âme du collectif IMuzzic qui vient d’annoncer l’annulation de la troisième édition de Jazz (s) à Trois Palis. Le festival devait se tenir les 18, 19 et 20 septembre en enchaînant neuf concerts dont ceux de Sophia Domancich et Simon Goubert, de Jean-Philippe Viret en trio et de Bruno Tocanne et du guitariste Alain Blesing.

Là encore trop d’incertitudes planent sur l’événement pour prendre le risque de l’organiser.
C’est d’ailleurs ce qui est inquiétant : alors qu’au départ il était prévu de n’annuler les évènements grand public prévus avant le 15 juillet, on découvre qu’en fait ce sont tous les évènements culturels de l’été qui sont remis en question. Qu’il s’agisse des expos estivales dans les musées, des festivals de musique prévus en août ou septembre ou des évènements autres, comme ces Rencontres de la photographie qui se tiennent à Arles chaque été et qui, là encore, sont annulées.

On imagine la déconvenue ou le désarroi de tous les acteurs de ces évènements : musiciens, intermittents, techniciens de la scène, bénévoles, responsables de la scène. Pour tous, cette année 2020 restera l’année où pratiquement toute la vie culturelle d’un pays ou d’un continent s’est arrêtée. Purement et simplement.

Pas d’Henri Crolla à Fourvière

La déclaration d’Edouard Philippe, Premier ministre, cette semaine, invite d’ailleurs à la prudence, que ce soit cet été ou après. Bien malin qui peut dire en effet aujourd’hui quand les clubs, les musées, les théâtres pourront rouvrir, et à quelles conditions. Si un Louvre ou un musée des Beaux-Arts de Lyon resteront fermés ( !) le doute plane encore sur les « petits musées » et les galeries qui pourront peut-être entrouvrir leurs portes.

En attendant, lorsqu’on sait que pour beaucoup d’artistes, la plus grande partie de leur activité, de leurs rendez-vous et de leurs revenus se situent entre Pâques et la Toussaint, peut-on imaginer les conséquences de la situation actuelle ? Combien de musiciens attendus à Cybèle à Jazz à Vienne et qui avaient d’ores et déjà peaufiné leur concert se retrouvent le bec dans l’eau ? Ainsi, à Fourvière, ceux qui comptaient revenir sur les pas d’Henri Crolla, ce guitariste merveilleux qui fut, entre autres, le compagnon de route d’Yves Montand.

A quand le redémarrage ?

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