Jazz In Lyon

La Revue De Disques – Mars 2023

KLM TRIO .

Parallel Records

Philippe Macé : vibraphone
Yoann Loustalot : trompette & bugle
Stéphane Kerecki : contrebasse

Sortie le 24 mars

  • Trois musiciens qui lient leurs sonorités et s’aventurent sur un terrain encore à défricher, c’est le concept même du KLM trio. Dans cet album où l’écoute est essentielle pour le trio, l’espace et les timbres définissent un univers à la rondeur pour le moins attrayante. Stéphane Kerecki tient la rythmique (mais pas que) sans faillir (le contraire eut été surprenant), Philippe Macé et Yoann Loustalot assure leurs parties avec un brio de grand standing et les trois font preuve d’une réelle liberté qui se base sur leur bagage musical personnel et qu’ils apportent au collectif à des fins nourricières et créatives. L’osmose est évidente et ce jazz de chambre, cette pépite, créé par des mélodistes hors pair tutoie des sommets de musicalité sur des tempi pouvant être vifs ou alanguis mais au grand jamais ennuyeux. En ces temps incertains, cet album est providentiel. Il vous fera découvrir un paysage original et harmonieux, dans un espace temps protégé et pétri d’une belle humanité où ne s’exprime que le meilleur de la musique. Une incontestable réussite, de celle qu’on écoute longtemps et régulièrement, sans aucune lassitude. La classe.

https://parallelrec.com/


 SNORRE KIRK . Top dog

sortie le 24 mars

Stunt Records

Stephen Riley : saxophone ténor (1.5.7.10)
Michael Blicher : saxophone alto et tenor (1.4.8.9)
Magnus Hjorth : piano
Mads Kjolby : guitare
Anders Fjeldsted : contrebasse
Snorre Kirk : batterie

Si les norvégiens et autres finlandais du jazz ont une propension marquée pour la frappadinguerie (quoi ?), il existe un peu plus bas, au Danemark, une école du jazz classique et voire plus encore si possible. Le batteur Snorre Kirk appartient à cette chapelle et on ne lui reproche absolument pas. Il est très bien entouré et la musique coule de source. Elle évoque bien évidemment Ellington et Basie, celui qui dit le contraire n’a pas d’oreilles, et il y a pire comme référence. C’est paisible à écouter et une forme agréable de coolitude se dégage de l’ensemble. Les musiciens font leur boulot avec entrain et justesse. Un vrai roulement à bille ce disque. Ça carbure et ça ronronne, cela fait défiler les images de temps révolus où l’espoir avait encore sa chance. Old fashioned et quasi désuet, ce jazz-là arrive encore à vous faire gigoter le pied, balloter la tête. Dans un club, il donne soif et n’empêche pas de regarder autour de soi comment sont (vont) les gens. De facto, c’est un jazz rassurant et Snorre Kirk possède une qualité rare chez les batteurs : il ne nous assomme pas avec des soli tonitruants. Rien pour cela, on l’aime bien.

https://snorrekirk.dk/


GRAHAM COLLIER . Down another road @ stockolm Jazz days ‘69

MyOnlyDesire Records

Graham Collier : contrebasse
Harry Beckett : trumpet
Stan Sulzmann ; saxophones alto et soprano
Nick Evans : trombone
Karl Jenkins : hautbois, piano
John Marshall : batterie

Dans ce qu’il est convenu d’appeler le « british jazz progressive », Graham Collier fut en son temps une éminence du genre. Renommé pour son sens aigu de la composition, il se produisit partout de par le monde jusqu’à son décès en 2011. Avec ce concert, inédit à ce jour, l’on retrouve le son et l’inspiration d’une époque. Le jazz avance en liberté, se permet d’emprunter toutes les tangentes et s’évertue à susciter l’étonnement. Dans des structures complexes, les mélodies se développent à leur aise, toujours guidées par le contrebassiste leader, et font croire à la simplicité avant de bifurquer vers l’inconnu et de surprendre l’auditeur, toujours de la plus musicale des façons. Et puisque on parle d’inconnu, il est notable qu’une douzaine d’années après sa mort Graham Collier soit pour ainsi dire oublié. C’est très regrettable car sa musique est véritablement intéressante à bien des égards. Il vous suffira d’écouter cet enregistrement en concert pour le comprendre. Recommandé.

https://web.archive.org/web/2014010…


 MARGHERITA FAVA . Tatatu

Autoproduction

Margherita Fava : piano
Greg Tardy : saxophone ténor, clarinette
Michael J Reed : batterie
Javier Enrique : contrebasse

Sortie le 10 mars

Margherita Fava est une jeune pianiste italienne, fille de musiciens classiques, installée dans le Tennessee. Tatatu est son premier album. Il appartient à un jazz d’aujourd’hui qui n’ignore pas les anciens. Six compositions originales pertinentes et deux reprises (Monk, Kern Hammerstein II) constituent un ensemble homogène au sein duquel chaque musicien trouve sa place et l’espace pour s’exprimer pleinement. La pianiste, avec un jeu souple qui sait être percussif, mène les débats avec assurance et le quartet n’hésite pas à « y aller franchement ». Greg Tardy développe des soli inspiré et ne prive pas de tutoyer les aigus. La rythmique est dense et précise. Tout va plutôt bien pour ce quartet à la modernité travaillée et il nous a semblé que Margherita Fava ne manquait pas d’avenir. C’est une bonne nouvelle, non ?

https://margheritafava.com/


LAFAYETTE HARRIS Jr . Swingin’ up in Harlem

Savant Records

Lafayette Harris Jr : piano
Peter Washington : contrebasse
Lewis Nash : batterie

Sortie le 17 mars

  • Lafayette Harris jr a joué avec tout le monde ou presque (Max Roach, Ernestine Anderson, Archie Shepp, Houston Person, etc), histoire de préciser que le musicien ne sort pas de nulle part. Accompagné par une rythmique de luxe, Peter Washington et Lewis Nash, il est allé chez Van Gelder enregistrer ce disque produit par Houston Person lui-même. On se trouve donc dans un jazz moderne qui connaît ses classiques et sait leur donner de nouvelles couleurs au gré des envies du trio. Les standards s’enchaînent joyeusement et les musiciens (qui n’ont plus rien à prouver depuis longtemps) se font visiblement plaisir à déambuler parmi ces références d’un passé glorieux qui demeure vivace et que l’on écoute sans arrière-pensées (même si l’on se cantonne pas à ce jazz-là). Du swing bien élastique, une once de blues, une unité de style avec des pièces que l’on connaît toutes, c’est la recette de ce trio. Ils ne se targuent pas d’être originaux mais leur science est telle qu’ils arrivent encore à nous surprendre (Lafayette épate la galerie…). Allez quoi, en vieillissant l’intemporel soulage et ce jazz-là n’a pas d’âge. Alors faites-vous donc plaisir et faites découvrir aux plus jeunes le son d’une époque.

https://lafayetteharrisjr.com/


PEDRON RUBALCABA

Gazebo

Pierrick Pédron : saxophone alto
Gonzalo Rubalcaba : piano

Sortie le 03 mars

L’art du duo, c’est avant toute chose l’art du dialogue. Si les deux protagonistes demeurent sur leurs prés carrés respectifs, l’auditeur s’emmerde et rien ne se passe, ou plutôt tout passe à travers. La rencontre entre Pierrick Pédron, l’éclectique saxophoniste alto français et le pianiste cubain virtuose encensé par les critiques échappe allègrement aux écueils qui auraient pu nuire à leur entente. Cette dernière est cordiale et, d’un bout à l’autre du disque, on les sent complices et toujours prêts à s’amuser. La playlist va de Sidney Bechet à Carla Bley en passant par Jérôme Kern, Jackie McLean et quelques autres du même acabit. Intime ou exubérante, leur musique tutoie les sommets et les genres, on passe en un tour de main du quasi bruitisme à quelques accords bluesy, on revient à la mélodie pure pour mieux sortir encore des sentiers battus. Les deux comparses ne se refusent rien et il est clair, on se répète, que la rencontre a été plus que fructueuse. Vous en aurez la preuve en écoutant le disque.

http://www.pierrickpedron.com/
https://www.gonzalorubalcaba.com/


 

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