Jazz In Lyon

Le Jazz dans la métropole lyonnaise : 2 de chute ?

Après Francheville, A Vaulx Jazz. Lentement mais sûrement, Lyon devient un désert en matière de jazz. Seule oasis, l’Opéra de Lyon : en 2018, son Jazz au Péristyle sera en effet le seul festival survivant à Lyon. On croit rêver !

C’est évidemment confondant. En l’espace de trois ou quatre ans, par le jeu de basculement de municipalité, le jazz aura pratiquement disparu de la fameuse métropole lyonnaise.

Ce fut il y a deux ou trois ans, Francheville. La nouvelle mairie n’écoutant que son courage mit fin à Fort en Jazz, festival qui commençait à s’inscrire dans la durée. On ne se souvient plus des arguments déployés par les auteurs de ce jazzicide mais, avec un peu –tout petit peu- d’imagination, vous pouvez vous-même vous les inventer : trop cher, pas assez de public, intéresse pas vraiment la ménagère et tout le tin touin, envie de faire autre chose.

Cette fois c’est A Vaulx Jazz qui s’y colle. La nouvelle mairie (le PS a succédé au PCF) a en effet décidé d’initier une nouvelle politique culturelle et de créer entre autres un festival des Cultures urbaines. Sauf que les finances manquent pour mener les deux festivals de front.

D’où ce moyen-terme biennal navrant et dangereux, car le risque existe qu’A Vaulx Jazz perde son public, ses énergies créatrices et son élan et, qu’après une édition 2018 en demi-teinte, on décide bel et bien de sonner le clap de fin.

Inutile de dire que les réactions sont vives. Pour mille raisons. A Vaulx Jazz, année après année, a prouvé sa qualité, sa pertinence et sa renommée.

Et pourtant, Lyon est une place forte en matière de musiciens de jazz !

Fixant un cap mais s’ouvrant à tous les courants musicaux. Nous rappelant que le jazz est évidemment au premier chef une  « culture urbaine » et une musique qui a enfanté tous ces courants et sous-courants qu’on souhaite désormais mettre à l’honneur. Ce n’est pas pour rien que Lyon est devenue une place-forte en matière de musiciens de jazz, de formations de tous gabarits, de collectifs inventifs faisant référence au-delà des frontières.

Ramené aux seules limites de Vaulx-en-Velin l’événement est regrettable mais biodégradable. Certes, c’est jeter un peu vite aux orties l’étonnant travail réalisé par une génération d’hommes de culture, convaincus que celle-ci doit resplendir comme un phare plutôt que scintiller comme un néon interchangeable. Mais, sans doute, me direz-vous, une équipe se fait élire pour appliquer son programme. Le contraire serait absurde.

Ramené à l’agglomération, en revanche, c’est évidemment une catastrophe. A Vaulx Jazz est en effet le dernier grand événement Jazz qu’abrite la Métropole (hors Jazz à Vienne qui, a contrario, ne saurait se réduire à celle-ci). Francheville a disparu. Saint-Fons de la grande époque également. Bron, qui eut à une certaine époque quelques velléités dans le domaine, a lui aussi jeté l’éponge.

Heureusement, les caveaux du centre-ville…

Ne reste que les illustres caveaux du centre–ville, le Hot Club de Lyon, le Périscope et la Clef de Voûte, qui ne survivent que par la foi de quelques-uns et sur fonds de subventions ratiboisées (le Hot-Club notamment).

Bref, le jazz à Lyon devient une table rase, un désert. Seule oasis dans le paysage, l’étonnante Opéra de Lyon portée par la conviction de sa direction, dont François Postaire, que le jazz, comme d’autres musiques, ont toute leur place aux côtés du lyrique. D’où ce festival du Péristyle organisé chaque été par l’Opéra alors que le jazz n’est ni sa première vocation ni sa première mission.

Bref, et c’est là que le bât blesse. A l’échelle d’une métropole, qui ne cesse de se vanter de monter dans les classements européens en matière de business, de culture et d’attraction, on laisse mettre entre parenthèses un évènement culturel d’ampleur car il manque…… 220 000 euros.

Comme si les communes environnantes, de Bron à Villeurbanne, qui ne manquent pas d’élus partageant les mêmes valeurs, n’étaient pas capables de mutualiser un tant soit peu un tel festival. Comme si la Métropole (c’est-à-dire ses contribuables), qui porte désormais les Nuits de Fourvière (4,3 millions d’euros) et le Musée des Confluences (on s’y perd entre le fonctionnement et le reste), n’était pas concernée au premier chef par cet événement qui, rappelons-le, n’a pas besoin d’être sauvé, mais juste reconduit…

Quelles subventions pour A Vaulx Jazz ?

Les subventions dont A Vaulx Jazz et Vaulx-en-Velin bénéficient sont chiches : 20 000 euros pour le festival de la part de la Région et 10 000 du département versés au Centre Charlie Chaplin pour son activité « jazz ».

Côté Métropole, impossible d’avoir réponse à nos questions. Vaulx-en-Velin s’est tournée vers elle pour prendre le relais ou pour nouer un partenariat mais, à ce jour, aucune réponse.

 

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