Jazz In Lyon

Jazz à Vienne, mercredi 7 juillet : Le chant des sirènes, époustouflant !

Avec Mae Defays, Lianne La Havas et Imany, le charme a agi grâce à une qualité vocale et scénique hors du commun. Douceur, puissance et profondeur caractérisent ces trois chanteuses qui ont, par leur talent respectif, subjugué le public viennois venu en nombre pour l’événement. Le théâtre était au maximum de sa jauge.

Et pourtant la soirée avait commencé par une mauvaise nouvelle, l’annulation du concert d’Arlo Parks. Contrainte à 5 jours de mise en quarantaine pour toutes personnes rentrant sur le sol britannique, cela aurait perturbé grandement sa tournée en Angleterre, elle a été obligé à décliner sa venue.

Mais le public viennois n’y a pas perdu au change avec la présence au pied levé de Mae Defays, fille d’Olivier Defays, saxophoniste et membre du duo mythique des années 80 Blues trottoir et petite fille de Pierre Richard. Avec une telle filiation, la curiosité de la découvrir était stimulée!

Entourée d’une claviériste et d’une batteuse inspirée,  elle enveloppe d’emblée son auditoire avec sa voix de cristal et  ses arrangements groovy. dès les premières notes Maë Defays évolue dans un style jazz-soul teinté d’accents pop.

Ses chansons douces et captivantes installent une atmosphère intime sur scène et dans le public. Ses titres parlent d’elle, de ce qu’elle vit et aussi de ses origines guadeloupéenne du côté de sa mère. Ainsi elle clôt le concert par une chanson en créole pleine de profondeur et de joie. Le public ne s’y est pas trompé, elle a tout d’une grande! elle a été acclamée et très émue de cet accueil !

Quelle voix !

Puis Lianne La Havas se présente sur la scène du théâtre antique avec sa seule voix et sa guitare. Affublée d’un superbe pantalon à patte d’éléphant décoré de tournesol jaune pâle et d’une veste veste tirée à 4 épingle, l’élégance et la grâce sont au rendez-vous! Et quelle voix! elle va au plus profond d’elle-même et nous livre un récital d’une force, profondeur et beauté émouvante. Résolument introspectives, l’artiste explore par ses chansons les différents stades d’une relation amoureuse, de la béatitude d’une première rencontre (le désinvolte Read my mind et ses étourdissantes inflexions vocales jazzy) aux vicissitudes d’une vie de couple établie (le voluptueux Please don’t make me cry, coécrit avec Nick Hakim).

La palette musicale proposée ici est riche et inspirée. De la pop soul efficace et solaire de Can’t fight ou Bittersweet aux teintes brésiliennes grisantes de Seven times, en passant par quelques sublimes ballades acoustiques comme Courage ou ce Paper thin qui touche et réconforte à la manière d’un Lean on me ou You’ve got a friend. Mentionnons aussi son excellente reprise du Weird fishes de Radiohead, servie par des arrangements revisités avec audace et une interprétation aussi personnelle qu’habitée. Une artiste de grand talent!

Imany et ses sept violoncellistes

Avec Imany et ses 8 violoncellistes , on change de décor. Sur fond de drap blanc, une chaise en rotin type »Emmanuelle » entouré de 8 tabouret laisse présager une soirée pleine de sensualité! les sexagénaires s’en sont lèché les babines. Elle se présente sur scène, Charismatique, toute de rouge vêtue, avec un chapeau éclairé de l’intérieur recouvert d’un tulle noir. Le mystère est à son comble. D’autant qu’elle chante à la manière d’une Grace Jones, avec puissance mais peu d’expression émotionnelle perceptible. Pour autant, le chant est incarné et transmet de nombreuses sensations et émotions fortes. Le projet? Voodo cello: réunir 8 violoncelles pour soutenir son récital vocal fait de reprises de chansons qu’elle adore. Si les chansons d’amour ne manquent pas ici, Notamment la très belle reprise en anglais de Ne me quitte pas de Jacques Brel,  Imany met également ces reprises au service de ses propres convictions.

Elle raconte des femmes qui se battent pour vivre leur relation ( The Things She Said ), la sororité (« Wild World »), la capacité de résilience ( I’m Still Standing ), elle dénonce le racisme (« Little Black Angels »), la nocivité capitaliste ( Les voleurs d’eau ), les ravages de la drogue ( The A Team ) et le rêve d’un monde nouveau ( Wonderful life) « Depuis la naissance, je suis engagée, je m’insurge contre l’injustice », affirme-t-elle. Ce qui s’entend dans ce projet mémorable, d’une beauté épurée et intense. “Huit violoncelles, ce sont huit âmes qui nous parlent, confie Imany. On aime ou on déteste….”. Un album à mettre entre toutes les mains disponible dès le 3 septembre 2021.

Une soirée lumineuse servie par 3 grandes artistes engagées!

 

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