Jazz In Lyon

Jazz à Vienne : le déficit du Festival 2015 devrait avoisiner les 300 000 euros

Jazz à Vienne a perdu cet été 10 000 spectateurs payants. Avec une répercussion immédiate sur les finances du Festival qui devrait se traduire par un « trou » de l’ordre de 300 000 euros. D’où la nécessité d’une avance « remboursable » votée par la Communauté d’agglomération du Pays Viennois. Le Festival va devoir rembourser 100 000 euros pendant trois ans et va réfléchir à son modèle économique.

Cet été, nous avions estimé à « Jazz’in Lyon » la perte financière dans le budget du Festival Jazz à Vienne, à 400 000 euros. Pas très compliqué : il suffisait de multiplier la moindre fréquentation des gradins payants-soit dix mille spectateurs en moins- par le prix de billets.

La comptabilité de l’EPIC Jazz à Vienne, la structure dépendant de ViennAgglo qui gère le Festival, a effectué une première estimation. On n’en est pas loin : le déficit du festival viennois devrait s’établir cette année à 300 000 euros. Lourd, très lourd.

D’où la nécessité pour combler ce déficit de faire appel à la Communauté d’Agglomération du Pays Viennois pour combler ce trou.

Une « avance remboursable » de 300 000 euros

C’est une telle délibération que les élus communautaires ont voté jeudi 24 septembre.

« Qui dit avance remboursable, dit remboursements, bien sûr », confirme Thierry Kovacs, président à la fois de l’EPIC Jazz à Vienne et de ViennAgglo.

Et d’ajouter : « Cela signifie qu’il faudra pendant trois ans rembourser chaque année 100 000 euros. Il faudra donc qu’à partir de l’année prochaine, le Festival soit bénéficiaire d’au moins 100 000 euros. Nous tenons tous, nous les élus de ViennAgglo à ce que que ce Festival soit pérennisé. »

Comment faire ? Les grandes décisions seront prises lors d’un conseil d’administration de l’EPIC Jazz à Vienne qui se déroulera le 1er octobre prochain.

Mais d’ores et déjà quelques pistes sont esquissées par son président, Thierry Kovacs.

« La remise d’équerre des comptes du Festival passera d’abord par un changement comptable. Deux budgets seront désormais présentés : un budget concernant les scènes gratuites et un autre concernant les ou plutôt la scène payante, en l’occurrence le théâtre antique. C’est la condition sine qua non pour obtenir des subventions plus importantes auprès de la Région, notamment » , explique le président de l’EPIC.

Mais pour ce dernier, la solution ne passera pas seulement par un meilleur soutien des collectivités à ce Festival qui, rappelons-le, est l’un des rares en France à s’autofinancer à près de 80 %, ce qui est très important.

Le Festival bénéficie actuellement aussi de la location du théâtre antique par les spectacles de variété qui chaque été sont programmés hors Festival, soit une quinzaine, cet été.

Un intéressement de 12,5 % aux spectacles de variété ?

Actuellement, chaque soirée de variété fait tomber près de 12 000 euros dans les caisses de Jazz à Vienne. Il s’agirait d’y ajouter un intéressement aux recettes, pratiqué partout ailleurs, sauf à Vienne, à raison de 12,5 % des recettes de billetterie des « tourneurs ». Ce qui représenterait tout de même près de 100 000 euros, toujours bons à prendre.

Reste qu’on ne fera pas l’économie de la réflexion sur le contenu même du Festival et sa programmation de l’été dernier. Pourquoi cette baisse de 12,5 % de la fréquentation payante , alors que les conditions climatiques ont été optimales et que la plupart des autres festivals en France ont vu leur fréquentation augmenter ?

Le fait d’avoir programmé des formations en cours d’année, avant le festival, à l’instar de Marcus Miller qui n’a, de ce fait, pas fait le plein cet été au théâtre antique, par exemple ?

« Il faut également s’interroger sur la qualité des spectacles sur les scènes gratuites. Etait-ce bien nécessaire de programmer gratuitement à Cybèle, une artiste du calibre de Rhoda Scott », s’interroge Thierry Kovacs ?

Dernière piste : le prix des billets : ne sont-ils pas trop chers, notamment pour la tranche basse décourageant les plus jeunes, les moins argentés à fréquenter les travées du théâtre antique ?

Une certitude : il va falloir que l’équipe dirigeante, Stéphane Kochoyan, son directeur, en tête, trouve et instaure un nouveau modèle économique pour l’été prochain.

Il en va de la survie du Festival viennois que personne n’a envie de voir disparaître. Mais il n’a désormais, plus droit à l’erreur…

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