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Jazz à Vienne – Greg Porter, le colosse à la voix de velours, mi-miel, mi-soul

Il existe-ils ne sont pas très nombreux- un certain nombre de chanteurs et des musiciens de jazz qui ont su franchir la stricte barrière du genre pour se créer une vraie notoriété dans le grand public.

Gregory Porter, l’homme à l’éternel passe-montagne cachant une partie du visage, appartient â cette première catégorie. Non pas à cause de ce surprenant accoutrement, incongru sous les projecteurs, mais grâce à des compositions très mélodiques et à sa voix de velours qui lui ont amené de beau succès discographiques.

Ainsi, par exemple, «  Liquid Spirit », son troisième album, datant de 2013, a décroché le Grammy du meilleur album de jazz vocal, s’écoulant à près d’un million d’exemplaires. Le chanteur a su, depuis, maintenir une belle cote d’amour.

Devant près de cinq mille festivaliers dont beaucoup venus d’abord pour l’entendre, passe-montagne noir et veste claire, Le chanteur baryton, a proposé, lundi 11 juillet, quelques extraits, au théâtre antique de Vienne, de son dernier opus, « Take Me To The Alley », sorti il y a quelques semaines seulement chez Blue Note.

Il était accompagné sur scène par le pianiste Chip Crawford qui a participé à cet album et par le saxophoniste Tivon Pennicott au timbre aussi chaleureux que celui du chanteur. Une forme d’osmose.

Pourquoi ce succès ? Bien sûr le timbre chaleureux de sa voix de baryton, mais aussi la sincérité émotionnelle que ce timbre puissant charrie, l’empathie naturelle qu’il transmet.

Sans doute, un reste de sa proximité lors de son enfance avec le gospel qui a presque toujours été la meilleure école des chanteurs afro-américains. Gregory Porter ne cherche pas l’effet, ne développe pas de quelconques fioritures, il touche au cœur, et la meilleure voie pour y parvenir, passe souvent par la simplicité. C’est elle qui l’emporte.

« Dans le Gospel, d’une certaine façon, vous êtes contrôlés par l’esprit et perdez le contrôle de votre voix. Mais j’aime l’idée de parfois simplifier ce que vous faites pour toucher au cœur, émotionnellement. Si je contribue à quelque chose dans le jazz, c’est par ma vulnérabilité. Je pense à l’émotion dans chaque chanson », a-t-il confié un jour à un journal US, le San Diego Union-Tribune. Belle auto-analyse dont on a pu apprécier des gradins, la véracité.

« Hit the road Jack » et « Papa was a Rolling-Stone »

Autre raison sans doute de son succès, Greg Porter évolue aussi bien dans les chansons au tempo lent, les ballades, mais aussi dans un registre plus soul qui avait été à l’origine du succès international de «Liquid Spirit».

Sur la scène de Jazz à Vienne, Greg Porter a ainsi oscillé entre miel et soul, maniant avec une intensité accrue le scat et lançant même parfois des envolées ressemblant à celles d’un véhément prêche lors d’une messe gospel.

Ce soir là, le colosse à la voix de velours a aussi, de manière un peu surprenante repris quelques standards très anciens, comme le « Hit the road Jack » de Curtis Mayfield dont Ray Charles a su faire un succès, ou le « Papa was a Rolling Stone » des Temptations, tous deux revisités cette nuit là, de manière très personnelle

Là encore, avec un timbre et des inflexions sans afféteries, amenant le public à ovationner longuement, très longuement le colosse au passe-montagne et au cœur tendre.

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