Jazz In Lyon

Jazz à Vienne, All Night Jazz : Un bouquet final multicolore et explosif !

Quelle nuit de folie pour la All Night Jazz , la diversité des styles et des émotions étaient bien au rendez-vous: de la puissance maitrisée de Cheick Tidiane Seck à la ferveur endiablée de l’Armée mexicaine de Rachid Taha, avec quelques détours soul/hip hop d’Ayo pour un final déjanté et ultra dansant porté par la funk afro cubaine de Cimafunk et l’énergie de clubber de Mezerg. La scène du théâtre antique s’est transformé en dance floor au petit matin, le public a été invité à venir y danser, décapant!

Comme traditionnellement c’est avec le lauréat du tremplin RéZZo  Jazz à Vienne 2019 que débute cette nuit du jazz. Avec Léon Phal, le saxophoniste et son quintette, la All Night jazz débute sous les meilleures auspices. Entouré de ses complices de toujours, sa maîtrise de l’instrument, son sens de la mélodie et la délicatesse de ses compositions amplifiées par un groove dévastateur, présagent un bel avenir à ce franco-suisse originaire de Aÿ en Champagne. De ces associations entre acoustique et électronique, ferveur jazz et fièvre dancefloor, échappées rêveuses et beats millimétrés, résulte une salutaire symbiose entre énergie contagieuse et  rare élégance. une belle introduction entre jazz et électro!

 

La température monte d’un cran lorsque Cheick Tidiane Seck, le pianiste malien se présente avec ses comparses tous aussi bons les uns que les autres: Yizih Yode au saxophone, Majid Bekkas, invité du soir au guembri, Momo Hafsi à la basse, Adama Bilorou Dembele aux percussions et Marque Gilmore à la batterie. Pour cet hommage à Randy Weston, la prestation s’est révélée d’un niveau exceptionnel. Randy Weston a marqué sa vie de musicien , il a voulu l’honorer par ce projet Timbuktu-the music of Randy Weston, une oraison funèbre joyeuse et une commémoration dansante incarnée!  une démonstration aux accents « westoniens » soutenu par une rythmique africaine qui n’est pas sans rappeler les prestations du pianiste américain, décédé le 1er septembre 2018. Autre clin d’oeil fait à l’un de ses amis Manu Dibango, une reprise plus africaine qu’africaine de Soul Makossa, émouvant.

Ayo apporte un peu de douceur à cette All Night Jazz après un départ en furie. Un chant profond et doux, une spiritualité ardente, une beauté radieuse : la chanteuse Ayo, du haut de ses 40 ans est de retour pour présenter son dernier opus Royal,  une des plus fascinantes voix de la folk. Avec douceur et gravité, Joy Olasunmibo Ogunmakin, qui a choisi comme nom de scène Ayo parce qu’il signifie « joie » en Yoruba la langue de son père Nigérian, fait entendre qu’elle a muri. La chanteuse a eu trois enfants – Nile 14 ans, Billie-Eve, 9 ans et Jimi-Julius, 2 ans –, qu’elle évoque avec fierté, et a traversé des épreuves, dont une récente dépression.

Entre folk, soul et reggae, à l’instar de Tracy Chapman ou Sade, son vibrato résonne avec une nudité authentique sur des instruments acoustiques. Elle a ému son auditoire et conclut son concert avec énergie et enthousiasme avec son tube planétaire down on my knees.

Minuit bien passé, La fureur est de retour avec l’Armée mexicaine, composé des compagnons de route de Rachid Taha et pléthore d’invités prestigieux: Rodolphe Burger, Amel Zen, Julien Jacob, Yegba Likoba, Sofiane Saidi, Habib Farroukh & Hamza Bencherif. Dans un esprit résolument festif , ils reprennent dans un style rock, raï ,jazz et swing  des compositions de Rachid Taha, de je suis africain à ya rayah en passant par la reprise des clash rock the casbah ou encore voilà, voilà. Sofiane Saidi invite le public à rendre hommage à Rachid Taha, non pas par une minute de silence, mais en criant, chantant, dansant car Rachid Taha aimait la fête et la vie.

La surprise de ce concert la déroutante reprise de Billie Jean de Michael Jackson par la la voix rocailleuse et grave de Rodolphe Burger! un concert joyeux, déroutant et merveilleusement énergique.

Au coeur de la nuit, après quelques litres de sueurs en moins, le rythme ne baisse pas en intensité avec la tornade tropicale funk afro-cubaine de Cimafunk. Originaire de l’ouest de Cuba, de son vrai nom ,Erik Iglesias Rodriguez,  Ce jeune phénomène cubain de 32 ans ne chante ni la timba cuivrée, ni l’incontournable cubaton mais s’est spécialisé dans des rythmes inédits mêlant guinches afro-cubains et funk avec des textes très portés sur les rencontres féminines et tout en double sens..

Et ça déménage! entouré de cuivres au féminin, au trombone, au saxophone et à la voix et d’une section rythmique de feu, l’effet est explosif. ça groove du tonnerre , une jambe au rythme du funk et l’autre de la salsa. Un antidote efficace contre l’endormissement, bienvenu à cette heure tardive!!

Que dire alors du dernier arrivé sur la scène du théâtre antique? Mezerg, un joyeux allumé, aux claviers et aux ondes Martenot accompagné au violon de son compère Emilio. Il a transformé  la scène en dance floor et la nuit s’est conclut avec près d’une centaine d’aficionado déchainé dansant , sautant et criant autour du DJ aux  hochements de tête à la Angus Young. Le piano boom boom, comme il se plait à l’appeler est son invention.
Il joue du piano, un piano droit, qu’il bricole, auquel il ajoute quelques éléments de batterie.

Une musique acoustique (à l’origine en tout cas), inspirée par la musique électronique. Ajoutez à cela une bonne dose de bonne humeur et d’énergie, les derniers survivants de All Night Jazz sont tombés dans les filets de sa frénésie électro. Une nuit et une quarantième édition qui se conclut dans la joie et avec  le sourire!

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