Jazz In Lyon

Jazz à Salon-de-Provence : l’impro coûte que coûte contre le Covid

Mario Stanchev a redémarré mardi dernier de belle manière « Salon de Musique », cette saison de jazz que Salon-de-Provence organise depuis 27 ans, comme pour mieux prouver la qualité de son Institut qui forme professionnellement musiciens de jazz et ingénieurs du son. Malgré le virus, les masques, le couvre-feu, ou peut-être à cause de lui, le pianiste a livré un concert de toute beauté, entre retenue, complicité et notes retenues sur un clavier apaisé

L’IMFP de Salon (pour « Institut National de Formation Professionnelle) n’est pas forcément connu de tous. Ni « Salon de Musique », son bébé.

A l’un l’ambition de former depuis 40 ans des musiciens professionnels. A l’autre le soin de mettre ça en musique. De passer de la théorie à l’acte.

Et depuis 1993 (27 ans donc), ça marche. « Salon de Musique » organise in situ des concerts de jazz de belle qualité. Mardi dernier, c’était au tour de Mario Stanchev de s’y coller. Seul face au piano, masqué comme il se doit. Heureusement les doigts ne l’étaient pas.

Mardi prochain ce sera au tour de Raphaël Imbert, sax ténor, de grimper sur scène. Le musicien a pris l’an dernier la direction du conservatoire de Marseille, une première insiste Gilles Labourey, directeur du lieu, au moment de présenter la saison. L’objet du concert : revisiter A Love Supreme, l’un des albums les plus marquants et des plus inégmatiques de Coltrane.

Mardi 7 novembre c’est au tour de Stephano di Battista himself de débarquer à Salon , escorté de plusieurs pointures : Daniel Sorrentino, André Ceccarelli et Fred Nardin, pianiste tous parcours, l’une des plumes de l’Amazing Keystone Big Band, cher à Lyon et à la Clef de Voûte. L’objet du concert : la musique d’Ennio Morricone revisitée par un maître du sax.

Dans le contexte sanitaire actuel, les points d’interrogation sont nombreux : ainsi Salon de Musique a du abandonner le projet de concert de Pierre Bertrand le 10 novembre. Le saxophoniste était attendu avec quatre jolis musiciens dont le trompettiste Anders Bergcrantz avec pour ambition de donner au quintet sa pleine mesure. En lieu et place c’est Cathy Escoffier, pianiste mais pas que, qui sera présente ce soir-là.

Quelques jours après, c’est David Bressat lui-même qui sera sur scène, lui aussi en quintet avec le batteur Charles Clayette aux drums, complice de toujours, Vincent Girard, à la contrebasse, auxquels se rajoutent Eric Prost, saxophoniste aussi évident qu’essentiel, et Aurélien Joly, à la trompette si inventive. Voilà 5 ans que David Bressat a monté ce quintet : son trio (Florent Nisse est empêché) plus ces deux cuivres. Au sommaire de cette soirée, son dernier album, ou presque, True Colors. C’est de toute beauté, que ce soit pour l’harmonie d’ensemble ou pour les échappées de chacun des musiciens. Un mélange de classicisme et de lyrisme qui emmène à coup sûr vers d’autres horizons.

Pour clore le trimestre, si le 8 décembre, c’est Germain Pilon qui s’y colle, Michel Zenino, le grand manitou artistique du lieu, a prévu d’intervenir le 15 décembre en compagnie de Mario Canonge, pianiste. Ensemble, ils fomentent depuis plusieurs années un duo mêlant jazz, Martinique et swing. Quelques percussions en plus seraient sans doute les bienvenues, comme ils l’ont montré sur quelques prises anciennes, mais ce concert sera l’occasion, a contrario, de découvrir les richesses de ce jeu à deux, fait de complémentarité, de relances et d’écoute réciproque.

Est-il besoin de rappeler que tel est le programme de Salon au moment où l’on écrit ces lignes et que tout ça peut être rayé d’un trait de plume du jour au lendemain.

Pas besoin de vous faire un dessin.

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Salon de Musique : 40 concerts par an

Salon de Musique, vitrine de l’IMFP ? Sans doute. A regarder la programmation d’une année sur l’autre, on est séduit. Quelques locaux, pas mal de pointures, du jazz actuel et de l’improvisation sous ses couleurs les plus diverses. Au fil des ans, beaucoup sont venus porter ici la bonne parole, tels Marc Ducret, Pierre de Bethmann ou Minino Garay.

Au total, Salon de Musique s’enorgueillit d’organiser quelque 40 concerts par an. « Nous sommes un véritable lieu de musiques actuelles », répète Gilles Labourey, le patron du lieu.

Un lieu qui doit composer avec de nouvelles contraintes : les concerts ont été avancés à 18 heures, le port du masque généralisé et, impalpable mais vraie, l’ambiance est plutôt à la défiance du voisin ou de la voisine la plus proche. Ici comme ailleurs.

Quelle plaie.

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