Jazz In Lyon

Jazz à Lyon : la reprise en douceur dans les clubs cette semaine

Du Péristyle au Hot Club en passant par le Périscope, quelques formations se chargent ces jours-ci de nous faire patienter avant l’arrivée de Jazz à Vienne, 40ème du nom.

Faut-il le rappeler : le compte à rebours de la 40ème édition de Jazz à Vienne est enclenché. Enfin. C’est évidemment l’événement de la semaine et même de la quinzaine puisque l’édition s’étire jusqu’au 10 juillet (voir par ailleurs).

A côté de ça, le jazz reprend ses droits ici et là à Lyon. Au Péristyle certains soirs, au Hot Club de Lyon le temps d’une semaine écourtée et au Périscope.

Prenons le Hot Club : vendredi 25 juin on y accueille Benoît Convert Trio. Pour l’occasion le guitariste est escorté de Christophe Lincontang à la basse et de Zaza Desiderio aux drums.

 

Samedi 26, le caveau accueille Hugo Velasco en quartet (photo ci-dessus)). Enfin, Dimanche 27 (à 16 heures), le Hot abrite un concert de l’Ecole de Jazz Vocal Voix sur Rhône. Aux côtés des chanteurs Bastien Cozon au piano et Pierre Jost à la contrebasse. Il s’agira pour certains des artistes présents de leur premier passage sus scène.

Quant au Périscope, on y découvrira un mélange de genres : jeudi 24 juin Odessey et Oracle + Rien à faire (spécimen baroque et psychédélique).

Vendredi 25 juin : Pages électriques et samedi 26 juin la reprise par l’ARFI de l’album d’Eric Dolphy « Out of lunch », célèbre album enregistré rapidement (on parle d’une après-midi) par un Dolphy inspiré et libéré et d’autant plus magnifié que Out of Lunch n’a jamais été joué sur scène, le musicien étant décédé 4 mois après, en juin 1962 :

Le souvenir magique d’Eric Dolphy au Périscope samedi prochain : l’ARFI se frotte à Eric Dolphy : « inDOLPHYlités”

56 ans après, cinq musiciens de l’ARFI revisitent le dernier album du saxophoniste disparu quelques mois après l’avoir enregistré, à l’âge de 36 ans. Le résultat est surprenant : par la fraîcheur de cette musique jouée avec les mêmes instruments de l’époque et surtout, par la façon dont le quintet revisite les thèmes de l’album Out of Lunch

Même s’il n’y paraît pas forcément, c’est un disque de grande ambition. Tout sauf anodin. Reprendre, revisiter, avec 56 ans de recul, le dernier cri d’Eric Dolphy. Et quel cri. Le cri d’un presque jeune homme qui allait s’éteindre quelques mois plus tard, juste après avoir réuni dans un studio cinq musiciens-amis-complices afin de sortir chez Blue Note cet étonnant Out of Lunch.

Evidemment, la première chose qui vient à l’esprit est cette interrogation : comment l’inspiration du musicien parti si tôt (36 ans) a pu à ce point proposer au jazz, à cette musique qui peut s’assoupir aussi sur ses succès, une sorte de virage ou de remise en cause qui frappe immédiatement l’oreille et plus si affinités.

Dans cette Out of Lunch, nous sommes en 62. La France est juste en train de solder la tragédie de l’Algérie. Les Beatles en sont encore aux prémices, les collégiens s’emmerdent copieusement dans leurs établissements. Et la traction avant roule de plus belle.

C’est là, raconte l’histoire, qu’Eric Dolphy embarque quatre autres musiciens, les confine à sa façon dans un studio pour leur sortir des tripes cet album. Plus qu’un album, une œuvre. Qu’entend-on par là ? Un édifice musical qui frappe immédiatement par sa plénitude et sa cohérence. Rien à retirer. Rien à ajouter.

C’est là (encore) qu’intervient l’ARFI, qui a ce don d’explorer, parfois sans succès mais souvent avec bonheur, des pistes étonnantes de notre patrimoine musical.

Pour l’occasion, ils sont cinq qui, aux mêmes instruments que leurs aînés, ont décidé de revisiter Out of Lunch. A leur façon. Le résultat est implacable : il en ressort une œuvre à 5 voix ; riches, pleines, tour à tour graves et enjouées. Chacun à sa place, à l’écoute ou en complément de l’autre. Dans ces morceaux, courts ou longs, retenus ou démesurés, graves ou enjoués, se glisse une série de duos pleins de contrastes tels que Dolphy savait les construire. Passes à 2 ou passes à 3. Les relations entre les instruments font le reste : entre le vibraphone (tenu par Melissa Acchiard) et la contrebasse (de Christophe Gauvert) en attendant l’arrivée du saxophone de Clément Gibert ou la trompette de Guillaume Grenard. Au fil des morceaux, on se trouve face à une telle plénitude d’harmonies qu’on ne peut qu’aller revisiter l’album source poussé à l’époque par Freddie Hubbard et Eric Dolphy, sans parler du batteur….devinez qui ?

Liberté, joyeuseté enrichissent les thèmes. Peut-être plus que dans l’esprit d’origine. Pour soutenir ou se démarquer du tout, Christian Rollet aux drums ne cesse de proposer/dynamiser ses compères. C’est parfaitement dosé et admirable d’incessantes remises en cause.

Bref, en ces temps de confinement, et en attendant que le quintet se retrouve sur scène, voilà un petit album qui tombe à pic. L’anti-morose par excellence. 8 thèmes qui conjuguent rapidité et densité. Grave et pétillant. Débarrassé du superflu : le free est passé par là, façon d’aller à l’essentiel, de ne pas s’attarder, de pousser toujours l’autre musicien vers une autre voie. Mais pas seulement, il arrive au contraire que l’ensemble trouve tout à coup un lieu propice au calme et à la réflexion et se mette à freiner. Il y aurait beaucoup à dire sur cette musique, ses pleins et ses déliés. Ses lignes droites et ses méandres.

Sans doute, Out of Lunch était un disque pionnier (et le dernier d’Eric Dolphy). Le quintet de l’Arfi parvient à en restituer toute l’importance.

Vous savez ce qu’il vous reste à faire….

60 ans après, l’album est revisité par Mélissa Acchiardi (vibraphone), Christophe Gauvert (basse), Clément Gibert (saxophone), Guillaume Grenard (trompette) et Christian Rollet (batterie).

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