Jazz In Lyon

In memoriam : Manu Dibango, hôte de Jazz à Vienne en juillet dernier

Aidé par le Soul Makossa Gang et l’Orchestre National de Lyon, le musicien, fidèle du festival, avait été la principale affiche de la soirée « Afrique » qui bouclait, avec la All Night Jazz, la 39ème édition. Il est décédé du coronavirus à 86 ans, après avoir à de multiples reprises arpenté la scène du théâtre antique.

Son sourire éclatant, comme toujours, sa nonchalance élégante, sa complicité avec le public…. Manu Dibango avait été l’un des derniers musiciens à fouler la scène du théâtre antique lors de la dernière édition. Jazz à Vienne 2019 avait en effet consacré l’avant dernière soirée de sa 39ème édition à l’Afrique. Principal invité ? Manu (pour Emmanuel), le chanteur-danseur-homme-orchestre et ne l’oublions pas, saxophoniste. L’un des fidèles du festival qu’il arpentait encore et encore depuis de nombreuses années.

Pour fêter le retour du musicien au théâtre antique, Jazz à Vienne avait en effet fomenté une rencontre entre lui, son Soul Makossa Gang et l’Orchestre National de Lyon. Il en était résulté un « Safari Symphonique », ambitieuse fresque sonore amplifiée par Flavia Coelho, chanteuse brésilienne, et Manou Gallo, bassiste, avec laquelle Manu Dibango a eu l’occasion d’enregistrer.

Manu avait embarqué le théâtre

Pour la circonstance, le théâtre antique était quasi plein. Manu Dibango en scène. Un poème, des retrouvailles, une façon de se jouer de la nuit, de lui donner une âme. Certes, ce soir-là, on l’avait senti un peu à l’étroit dans la moitié de scène qui lui était dévolue, présence de l’Orchestre National de Lyon oblige.

Mais comme à l’habitude, de chanson en chanson, le musicien aux carrières multiples avait embarqué le théâtre. En compagnie de l’Orchestre ou de sa formation et de ses deux invités. Et comme à l’habitude, le public avait suivi, lui donnant la réplique, une sorte de perpétuel adoubement entre ce théâtre à la verticale et cette scène à l’horizontal.

Bref, d’un thème à l’autre, lui-même aux anges, tout sourire, bien épaulé par les musiciens qui l’entouraient, dont l’omniprésent Arecio Smith, pour réussir la fusion avec l’ONL.

Pour beaucoup de spectateurs, il s’agissait d’abord de retrouvailles.

Une de plus : le musicien originaire du Cameroun, au parcours musical si enchanteur depuis ce jour où il débarqua, gamin, à Marseille pour s’installer en France ou en Belgique, était en effet devenu un familier de Vienne comme d’autres scènes lyonnaises. Fidèle. Indestructible….foutu virus.

Peu avant, il avait s’en souvient-on donné un concert exceptionnel à Charlie Chaplin, à Vaulx en Velin.

Comme Stan Getz, Miles ou Gillespie

Est-il besoin d’ajouter que, pour Jazz à Vienne, ce départ revêt sans doute aussi une autre dimension ? Celle de ces disparitions d’artistes qui, comme Stan Getz, Miles ou Gillespie, ont suivi leur dernière apparition à telle ou telle édition du festival. Moments uniques qui forment comme autant de rides précieuses sur le visage de cet événement qui fêtera –espérons-le- dans quelques semaines, sa 40ème édition.

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