Jazz In Lyon

Il vient de sortir son 3ème album : David Bressat en quintet pour une Constellation longtemps différée

Oeuvre d’après-Covid ? Sans doute. Ce troisième album  du musicien lyonnais enregistré en public six jours de suite en février dernier vient conjurer des mois de morne plaine, de musiciens isolés et de clubs de jazz fermés pour cause d’épidémie. Comme une renaissance longtemps attendue
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Renaissance : premier titre du nouvel album de David Bressat en quintet. Avec le pianiste, le duo de base Charles Clayette et Florent Nisse, mélange d’application, de rigueur, d’ossature délicate vouée au trio dans sa forme la plus admise (piano, basse, batterie). Et deux complices de longue date, Eric Prost, saxophoniste inventif et de plus en plus incontournable et Aurélien Joly à la trompette et au bugle aux phrasés délicats en diable.

Au sommaire de cet album « Constellation » neuf morceaux dont ce premier, Renaissance, un mot qui en dit long. Car ce CD est avant tout une oeuvre d’après-Covid, d’après confinement, d’après ce repli sur soi obligé, clubs fermés, scènes désertes et liens rompus.

C’est aussi pour cela que David Bressat a tenu peut-être plus que d’ordinaire à ce que ce troisième album du quintet plonge dans le public et se nourrisse de lui. « Constellation » a en effet été enregistré entre le 8 et le 13 février dernier à raison d’un enregistrement tous les soirs en public dans des clubs de Rhône Alpes de Lyon à Roanne, voire de Mâcon à Jazz en Bièvre. « Six jours ensemble sur des petites routes, se souvient David Bressat qui insiste sur cette notion de « live » : « c’est un peu notre marque de fabrique, on veut restituer l’ambiance club. Certes, c’est moins léché mais c’est plus spontané et authentique ». Surtout aussi, Eric Prost fait partie de ces musiciens qui trouvent dans la scène et devant le public une énergie et une inspiration rares. Une façon de se jeter à l’eau, d’interpeller le spectateur, de provoquer l’instant, de le rendre indélébile, ineffaçable.

Neuf morceaux, neuf ambiances

Neuf morceaux, quasi neuf ambiances comme neuf tableaux dressés par un quintet emboîté comme les cinq musiciens le font depuis déjà plusieurs années. « On a commencé en 2014/2015 et puis le premier album est sorti en 2017, le deuxième en 2019 et voici donc le troisième », explique le pianiste qui signe la majorité des compositions, exceptée deux de Florent Nisse et une de Bill Evans.

On pourrait parler longtemps de ce qui se noue entre ces musiciens. Ces retrouvailles, en extérieur, moitié en club, moitié sur la route, en public et donc en captation directe. C’est sans doute à travers cela et ces échos audibles au-delà des instruments, qu’on se rend le mieux compte de ce qu’ont traversé tous les musiciens depuis début 2020 : une solitude forcée, un adieu à la scène d’autant plus pesant que nul n’en connaissait le terme. « Ça nous a pesé » confie David Bressat ; il y a eu ce contexte anxiogène qui nous a motivé ». Exemple ce Dawn, aux étranges résonances.

Pour le reste, on retrouve ce qui fait le charme de ce quintet : rythmique d’une rigueur sans faille sur laquelle viennent batifoler ensemble ou tour à tour une trompette, un bugle et un saxophone, le tout sous la baguette discrète du pianiste.

Cette diversité des intros, ces duos qui jaillissent au coeur d’un morceau, alliances éphémères aux mille nuances, graves ou légères, et au cœur de cette construction, le piano de David Bressat,

Ce Constellation (en clin d’oeil à toute la planète jazz, des musiciens aux spectateurs et à tous ceux qui y participent d’une façon ou d’une autre) signe bien aussi la fin d’une sinistre parenthèse. D’où aussi l’importance des quelques concerts-rendez-vous que le quintet organise jusqu’en février de Lyon à Chambéry.

Dates des prochains concerts

19 novembre : Au Hot-Club de Lyon

Novembre 24 : Au Festival Jazz à Fareins (Ain)

27 janvier : Au Chorus de Lausanne (Suisse)

24 février : Au Jazz-Club de Savoie, Chambéry (Savoie)

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