Jazz In Lyon

Festival Parfum de Jazz : Sélène Saint-Aimé, façon jeu de piste initiatique et souriant

La chanteuse-contrebassiste à la tête d’un quintet aguerri a profité d’un concert au clair de lune pour dévoiler à l’aide de thèmes et de rythmes simples les multiples influences qui nourrissent  sa musique

Sélène Saint-Aimé ? Un concert dont on n’attend rien de particulier parce qu’on est incapable de le situer. Chanteuse et contrebassiste, primée en 2021, la jeune femme (28 ans) explique volontiers qu’elle est au croisement de cultures et d’influences qui sont autant de repères et de piliers de  sa carrière musicale. Des écoles et conservatoires d’Ile-de-France (Montreuil) jusqu’à La Nouvelle Orléans où elle aime jouer et approfondir la culture Créole. Ajoutez-y son dernier album « Potomitan », sorti en cours d’année et qui figurait au coeur de ce concert, sans le violoncelle toutefois  (+ quelques autres de « Mare Undarum »)  et pourquoi pas du latin chanté : de quoi se convaincre un peu plus de de l’énigme posée.

Une voix inattendue, posée, au registre étendu

De fait, la rencontre démarre comme un jeu de piste : un thème a cappella qui situe rapidement la qualité et la clarté d’une voix inattendue, parfois haute, toujours précise, presque à l’opposé de cette contrebasse qu’elle tient sous le bras. Peu à peu et l’air de rien, Sélène Saint-Aimé bâtit et étale ici un récit personnel. Succession d’images ou de souvenirs. Trouvant pour l’éclairer tantôt les cuivres d’Irving Acao (sax) et d’herman Mehari (trompette), tantôt la batterie mesurée d’Arnaud Dolmen, invité pour l’occasion et qui se glisse admirablement dans les habits qu’on lui alloue pour nous concocter une jolie  dentelle rythmique. Et puis, à côté, ce qui pourrait être juste de la couleur locale mais qui devient au fil des morceaux un rouage essentiel et expressif, le bélé drum de Boris Reine-Adelaïde, complice à part entière de la chanteuse (au sein de l’association Afropolis).

L’enchantement du quintet vient d’ailleurs

Au demeurant, les thèmes de Sélène Saint-Aimé, également compositrice, sont d’une simplicité accessible, souvent marqués par une ligne de contrebasse dépouillée. Les interventions décontractées des deux cuivres pareil. L’enchantement vient d’ailleurs : d’une atmosphère, éloignée du jazz, qui se dévoile progressivement, sans excès, sans point de repère qui pourrait aider à la capter immédiatement. Les thèmes chantés déconcertent, synthèse de musiques traditionnelles et d’accents classiques parfois guère éloignés de l’art lyrique. Si vous y ajoutez les solos apaisants d’Irving Acao et d’Herman Mehari, qui appuient ou précèdent les accents de la chanteuse, la musique nous entraîne dans un petit monde inconnu, frais, séduisant et sans prétentions.

Par ici la sortie ? Surtout pas

 Au fil de la soirée, Sélène Saint-André fournit quelques bribes d’explication : son attirance pour des musiques très diverses, du jazz à la musique créole. L’importance de la rencontre avec Steve Coleman à l’occasion d’une master class, ses incursions aux Etats-Unis ou son attrait pour La Nouvelle Orléans. De quoi éclairer cette musique habilement simple, fruit de ces influences et de ce que vit la jeune femme des deux côtés de l’Atlantique. 

Le public aura suffisamment apprécié pour bloquer la porte de sortie de scène, conduisant ce séduisant quintet  à un rappel obligé. Enfin……c’est comme ça qu’on pourrait aussi vous présenter  la fin de l’histoire. 

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