Jazz In Lyon

Jazz à Vienne / Marciac. Et si on les comparait ?

Ils sont nés à peu près en même temps. Se déroulent tous les deux sur une quinzaine, chacun chez soi, le premier, début juillet, le deuxième, début août. Enfin, ils affichent peu ou prou le même nombre de festivaliers. Mais, à y bien regarder, beaucoup de choses les différencient ou les séparent …

C’est un petit jeu auquel tout amateur de jazz aime à se livrer chaque printemps, lorsque sont dévoilés les programmes des festivals de l’été : comparer les grandes affiches des principaux festivals de jazz européens ou supposés tels. Différences, similitudes, tendances, les pépites des uns, les redites ou les banalités des autres. Jusqu’à, parfois, la disparition ou l’anéantissement : Montreux, Antibes-Juan Les Pins de la grande époque, pour ne citer qu’eux.

Deux sont aujourd’hui particulièrement intéressants à décrypter : Vienne et Marciac, deux festivals qui ont à peu près les mêmes rides, les mêmes parcours, et qui se partagent l’été à parts presque égales : à l’un la première quinzaine de juillet, à l’autre la première quinzaine d’août.

Marciac : une clientèle plus estivale, plus aisée ?

Pour le reste, deux vents contraires soufflent tout de même sur les deux évènements : Vienne est au carrefour d’une métropole (Lyon) et de quelques villes de poids (Saint-Etienne, Grenoble et Valence), ce qui constitue un beau réservoir de clientèle. Marciac, à l’inverse, est loin de tout, surtout s’il faut aller et venir de Toulouse. En revanche, ce festival peut compter sur une toute autre fréquentation, vacancière, plus aisée, venue des quatre coins de France, voire de plus loin, et particulièrement disponible.

Mais retour à la programmation : comme chaque année, bon nombre d’artistes vus à Vienne ont déjà leur place réservée à Marciac. Notamment, comme tous les ans, quelques têtes d’affiche qui organisent à l’été un « Tour » pratiquement mondial, d’Europe au Japon en passant par les Etats-Unis. Ainsi, à un mois de distance, sont attendus à Vienne et à Marciac Melody Gardot, Gregory Porter, Ibrahim Maalouf, Cory Henry and the Funk Apostles, Marcus Miller, Hugh Coltman, Selah Sue ou encore Thomas de Porquery. Difficile en effet avec de tels artistes ou de telles tournées d’obtenir l’exclusivité.

Marciac : une affiche jazz impressionnante

Mais la comparaison s’arrête là. Ou plutôt c’est ici qu’elle démarre vraiment : en matière de tradition « jazz », nul doute que Marciac fait cette année encore très fort : Wynton Marsalis, Eric Truffaz, Dave Holland, Joe Lovano, Dave Douglas, Rabih Abou Khalil, Baptiste Trotignon, Kenny Baron, Nicolas Folmer, Chick Corea, Pat Metheny, Brad Mehldau, Anouar Brahem, Jacky Terrasson, Manu Katche, Enrico Rava, Stacey Kent et Emile Parisien y sont notamment au programme (en sus des noms précédemment cités). Pour résumer, chaque soir, le « Chapiteau » (6 000 places) propose ainsi une affiche-phare, propre à attirer de loin et le plus grand nombre. Ajouter à cela un concert unique (déjà complet) de Joan Baez ou un autre de Santana.

Vienne : une autre orientation ?

Face à cela, Jazz à Vienne semble faire pâle figure ou, du moins, semble prendre de plus en plus une autre orientation : Earth, Sweet and Fire Experience d’entrée. Suivis de Magma, de Jeff Beck, des Brésiliens Gilberto Gill, d’Hermeto Pascual ou de Yaiim Bey. Pourtant, à y bien regarder, le festival viennois a également au menu, Avishai Cohen, Roy Hargrove, Ambrose Akinmusire, Rhoda Scott ou China Moses.

Vienne : 250 concerts dans la quinzaine

Et, cerise sur le gâteau, alors que Marciac ne joue pratiquement que sur deux scènes en soirée (le Chapiteau et l’Astrada) donnant le plus souvent quatre concerts se chevauchant en soirée, Vienne déploie de midi à deux heures du matin un dispositif de quelque 250 concerts. Non seulement, les deux tiers voire plus sont en accès libre (à Cybèle, au Club de Minuit, au Jazz Mix) mais il s’agit, en plus, de concerts strictement jazz.

2017_07_05_JamieCullum©Jules_Azelie

Enfin, peut-on vraiment comparer un concert donné sous chapiteau dressé en plein champ et un autre donné dans un théâtre antique surplombant la scène ? On vous laisse juge.

Qu’en conclure ?

On ajoutera peut-être que, pour un festivalier fauché, rien ne vaut Vienne où il y a moyen de se « payer » un festival presqu’entier sans débourser un centime. (On a craint que les difficultés financières rencontrées il y a deux ou trois ans ne viennent à bout de cette conviction).

Last but not least, comme disait tel Setter irlandais, pour ceux qui aiment découvrir les affiches avant tout le monde, rien ne vaut Vienne, premier festival en Europe dans le calendrier (démarrage fin juin), même si cela lui a toujours joué des tours dans le passé, l’ensemble de la planète jazz se concentrant fin juin-début juillet au festival de Montréal.

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