Jazz In Lyon

Cette semaine au Périscope : le festival « Délibéré » : musique…… mode exploratoire

Ce festival inédit qui démarre au Lavoir Public souhaite synthétiser durant deux soirées organisées au Périscope un panel de musiques autres, comme une synthèse d’influences, de parcours musicaux, de rencontres et de recherches. Au cœur du projet, deux démarches voisines mais différentes, celle de Caravaggio (avec Bruno Chevillon et Eric Echampard), et celle de l’Op.Cit, sans omettre les interventions de Samuel Sighicelli, Gwyn Wurst et Magic Malik.

Ils l’ont nommé le « festival Délibéré ». Quatre jours de spectacles et de concerts qui se déroulent à parts égales cette semaine au Lavoir Public (Pentes de la Croix Rousse) et au Périscope (derrière les Voûtes). Avec, aux commandes, deux acteurs d’une scène lyonnaise inventive en quête d’ailleurs et d’autrement, Guillaume Bourgogne et Pierre Kuentz.

Derrière ou plutôt avec eux, notamment de nombreux musiciens que rassemble le même désir d’aller et venir d’une musique à l’autre avec l’idée bien ancrée d’abolir, de réinventer, en multipliant les tentatives, les incursions, les incartades.

En matière musicale, ce petit festival est exemplaire. Enfin, on l’espère. Certes, il ne part pas de rien : l’ensemble Op.Cit (pour « Orchestre pour la Cité ») a depuis plus de dix ans imposé à partir de Lyon, une approche totalement ouverte de la musique en les englobant toutes.

Pour y réussir, la formation associe deux ensembles au demeurant chacun bien traditionnel dans son paysage d’origine, un quatuor à cordes et un trio piano-basse-batterie (Frédéric Escoffier, Brice Berrerd et Emmanuel Scarpa). Et c’est d’ailleurs avec les sept protagonistes rassemblés que Guillaume Bourgogne lancera jeudi ces « Pavages pour l’aile d’un papillon », œuvre multiforme.

Rythmes, inspirations, atmosphères, découpage, légèreté. Qui revisite à sa façon tant et tant de paysages musicaux avec l’espoir de faire naître de leur confrontation un univers insoupçonné. Mieux vaut ici laisser de vieux schémas pour goûter au mieux ces « Pavages » en espérant que la chenille « Op.Cit » a bien donné naissance au dit papillon.

Notons tout de même que la formation reçoit pour l’occasion – ni la première ni la dernière – la visite de Magic Malik dont la flûte débridée ou assagie enrichit étonnamment les élans de l’ensemble.

Auparavant, ce premier soir musical aura vu jouer une pièce musicale et scénique, Critical Phase, élaboration où textes et musiques se rejoignent et s’accordent. Pour la partie composition, Samuel Sighicelli.

Pour la partie textes, Pierre Kuentz, et pour la partie musique instrumentale et vocale, Noémie Boutin (violoncelle) et Claudine Simon (piano). Pour suivre, des Etudes d’improvisation données en temps imparti par Luc Ferrari (composition) et Malik Mezzadri (flûte).

Caravaggio : l’autre face de Bruno Chevillon et d’Eric Echampard

Le lendemain verra le retour au Périscope de l’étonnante formation Caravaggio. Emmenée par ces deux musiciens avant tout connus pour le trio qu’ils constituent avec Marc Ducret, Bruno Chevillon et Eric Echampard emmènent et inspirent depuis plus de dix ans ce groupe inclassable né de toutes les influences, évènements, tendances, ruptures qui influent sur la création, notamment musicale.

Avec eux, of course, Benjamin de la Fuente et Samuel Sighicelli, à l’orgue Hammond. S’il donne d’abord l’impression de revisiter des musiques familières, râbachées, Caravaggio s’extirpe pourtant systématiquement de toute nostalgie pour prolonger et réinventer ces harmonies.

Comme une longue suite musicale, feutrée ou violente, donnant libre cours à des inspirations éclatantes appelées à fomenter un moment rare. Auparavant, ce même soir, Emmanuel Scarpa se sera détourné un instant de l’Op.Cit dont il assure avec Brice Berrerd la rythmique, pour venir prolonger, par des mélopées étrangement amplifiées, ses percussions.

De leur rapprochement ou de leur fusion, naissent des résonances étranges qui tentent de se passer de toute autre instrumentation. Un art délicat. Cette soirée devrait se clôturer avec Gwyn Wurst, seul aux claviers.

Tendance rythmes insistants, marqués, scandés. Fusion punkéïsée ou rock restructuré ? Ici comme plus haut, et même si elles ne manquent pas, les épithètes n’aident pas forcément à qualifier ce tourbillon sonore qui emprunte à tout un firmament pour recomposer un ciel personnel, inédit et forcément éphémère. Et aussi, une sacrée opportunité de découvrir deux mondes d’exploration musicale contemporain rarement mis sur le devant de la scène d’une façon si nette.

* Se reporter aux sites du Périscope et du Lavoir Public pour connaître le déroulé de ces quatre soirées (escortées de quelques extraits de concerts des différentes formations). Les 14 et 17 juin au Lavoir Public, 4 impasse de Flesselles, 69001 Lyon. Les 15 et 16 juin au Périscope, 13 Rue Delandine, 69002 Lyon.

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