Jazz In Lyon

Bilan d’humeur (3) : retour sur Jazz à Vienne, de la déception Terence Blanchard, à l’événement John Zorn

A l’heure du bilan, les chroniqueurs de Jazz’in Lyon reviennent sur le Festival de Jazz Viennois qui a baissé le rideau de sa 39ème édition le 13 juillet. Antoine Stacchetti s’attarde sur la soirée cubaine et l’événement John Zorn.

Le Festival Jazz à Vienne ? Il évolue : plus propre, plus organisé, avec une mise en avant du cash-less (qui a remplacé aujourd’hui la librairie (sans partition), du merchandising et de la restauration rapide.

Le prix des places est conséquent et une soirée pour deux peut dépasser les 100 € rapidement. Ca peut faire réfléchir pour certains. Heureusement que le public à accès à des concerts, expos, conférences, animations à l’extérieur… Mais est-ce suffisant pour ce dégager de ce sentiment d’un festival cher ? Et le carré des VIP/ partenaires est définitivement troublant.

Concert du 8/07 – Soirée cubaine – Qué viva Chucho !

 Omar Sosa – Yilian Cañizares – Gustavo Ovalles. Le trio présentait Aguas, un album écrit, produit par Omar et Yilian, dédié à l’eau et à Oshun, la déesse de l’amour. Le groupe a enchainé un mixte de morceaux et de chansons marquées par les racines afro-cubaines, la musique classique occidentale et le jazz. Une réelle complicité humaine et musicale entre les trois artistes dans une cohérence de prises de paroles et avec des histoires qui s’enchainent dans une belle fluidité. Présence remarquable de Gustavo Ovalles aux percussions. Une première partie de soirée agréable, conjuguant énergie, poésie et élégance. Très convenable.

Chucho Valdès – Jazz Batá 2 – Tribute to Roy Hargrove. 77 ans et toujours la grande classe. Je préfère quand Chucho joue soit en solo soit en petite formation. Ce fut le cas car on peut dire que les trois percussionnistes ne faisait qu’un malgré des individualités marqués et remarquables. Le bassiste Yelsy Heredia fut impressionnant : c’est lui qui fut le pilier de la section rythmique et en latino, il faut mieux être constant dans le pulse…surtout avec les coéquipiers de ce niveau. Bonne sonorisation. Chucho nous a offert un hommage à Michel Legrand de toute beauté. Quel vocabulaire! Par contre totalement raté, l’hommage au trompettiste Roy Hargrove.

Invité spécial, le trompettiste louisianais Terence Blanchard est arrivé trop tard dans la soirée n’a pas trouvé ses marques dans un set bien trop court. Vraiment dommage. On attendait bien mieux.

Deuxième partie très classe et musicalement de très haut niveau – à la Chucho…

Concert du 10/07 – « Bagatelles Marathon 1» – John Zorn – Un concert d’exception – l’évènement de cette édition.

Quelle soirée ! De l’audace – enfin – dans la programmation de JAV avec surement un déficit à la clef (peu de monde mais beaucoup d’habitués et d’amateurs éclairés). Une cinquantaine d’œuvres, 29 musiciens, 14 formations soit 13 changements de plateaux…

Des enchainements extrêmement rapides, un rythme soutenu pendant quatre heures de musique (entracte de 20 mn). L’écriture de John Zorn est singulière et plurielle s’inscrivant dans un large éventail de styles musicaux : classique, musique contemporaine, surf music, jazz (new yorkais), free jazz, punk hardcore, musique électro. Parfois totalement écrite, parfois juste structurée et laissée à la main des improvisateurs, ses propositions hors normes sont toujours sollicitantes autant pour les musiciens – ravis, talentueux, créatifs que pour le public.

Une expérience musicale hors norme, bien loin des standards « jazz » programmés à Jazz à Vienne : l’évènement de cette édition.

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