Jazz In Lyon

Bilan d’humeur (1) : retour sur Jazz à Vienne, du coup de cœur, au coup de mou…

A l’heure du bilan, les chroniqueurs de Jazz’in Lyon reviennent sur le Festival de Jazz Viennois. Les coup de cœur, les coups du sort, les coups durs, les coups de mou et les… coups de pompe de Paul Gonnet…

Un festival se traverse de l’intérieur, tantôt ému, tantôt déçu, parfois fasciné ou même énervé, l’intérêt reste qu’il nous maintient en connexion avec l’objet du désir : la musique.

Sans coup férir, voici quelques coup à retenir de cette édition 2019 :

Coup de cœur : La surprise justifie mon choix pour deux artistes qui m’ont étonné par leur personnalité singulière. Calypso Rose, en premier, claudicante mais résolument impertinente par ses frasques sensuelles et ses propos provocateurs. Une personnalité généreuse, drôle et une artiste exceptionnelle. Avec sa gouaille, son enthousiasme et son énergie débordante, porté par un groupe au diapason de sa bonne humeur, la soirée caribéenne fut un délice, elle en est la principale éclaireuse ! Coup sur coup sur sa batterie, percussion et autre objets numériques, l’homme-orchestre Cyril Atef, a clôturé le festival par un véritable coup de collier. 1h30 intense en sa présence pour un tour du monde des musiques de transe, de Haïti au Brésil en passant par l’Afrique ou le Moyen-Orient, une véritable séance de redécouverte de son africanité, j’en tremble encore !

Coup du sort et coup de foudre pour la Nuit du blues. Pour la première fois en 38 éditions, une soirée a été annulée et par chance a pu être reportée. Une émotion singulière ou le théâtre antique transformé en scène du Titanic ou de La tour infernale. Des cris, des bousculades, on retient son souffle, le temps est suspendu, vais-je mourir sur scène ? la raison revenue, Au final tout de même, un coup de blues de n’avoir pu entendre Ben Harper et The innocents criminals.

Coup dur pour un coup de vieux sur le concert de Bobby Mac Ferrin. Comme l’ombre de lui-même, Bobby Mac Ferrin a suscité en moi des sentiments contradictoires. Touché par sa foi en la musique vocale et toujours aussi inspiré dans l’art de l’improvisation, j’ai souffert et ressenti une profonde tristesse à le voir marcher d’un pas lent avec une expressivité du visage et du regard étonnamment figé. Le corps lui a fait un sale coup mais ne lui a pas coupé le souffle ! Un concert entre ombre et lumière…

Coup de pompe ou le défi lancé à moi-même de pouvoir rester sur toute la All Night Jazz. La programmation de cette nuit fut globalement contrastée comme le veut la tradition avec des moments intenses avec Bonga et Cyril Atef, grands distillateurs d’énergie pour le public et moi-même. Le coup sur la tête, à une heure stratégique à savoir 3 heures du matin, moment crucial de la nuit pour choisir de continuer ou de s’en aller, avec le groupe Anomalie Live. Un véritable assommoir Nu soul, funk et électro avec certes d’excellents musiciens mais au final une musique qui paralyse, assomme mais ne stimule pas !! l’exil , dès lors, a été massif du côté du théâtre antique. Une erreur de casting regrettable, un vrai coup dans les jambes !

Coup de génie Mr John Zorn ! Pour son Bagatelles marathon, il fallait un peu d’entrainement auditif et d’ouverture d’esprit pour pouvoir tenir sur la durée. Entre free jazz, musique contemporaine, classique ou conceptuelle voire punk et musique trash métal, il nous en a mis plein les oreilles !! et les yeux …

Pour la première fois à Vienne, j’ai pu entendre un duo de violoncelle, un solo de computer et autant de formation à géométrie variable sur une même soirée.

D’un coup à l’autre, nous voici rêveur puis fasciné voire hypnotisé avant d’être en combat par le déferlement de sons à des hauteurs de décibels bien au-delà du supportable. John Zorn, vous l’aimez ou vous le détestez voire les 2, une prestation comme celle-ci reste gravée quoiqu’il en soit dans votre mémoire ( traumatique et/ou de plaisir ?).

Coup de mou avec Parov Stelar ! je suis toujours sidéré qu’à coup de Boum Boum sur des reprises de vieux standards du swing, il y ait un tel engouement de la part du public.

La recette est simple, un show lumineux et binaire avec quelques chanteurs et solistes à la belle gueule, quelques secondes de furieux solos aux cuivres et voilà tout ce monde bien emballé !! Il en faut plus pour moi pour vibrer, je me suis même plutôt ennuyé, encore une bonne occasion d’aller boire un coup !

Paul Gonnet

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