Le concert est pour le moins inattendu : Ben Sidran est à Lyon pour un soir. Non pas à l’Auditorium ou dans une salle du même gabarit mais, plus modestement, à l’Amphi de l’Opéra. Pour comparer, la dernière fois où on avait pu apercevoir ce musicien, c’était il y a quelques paires d’année à Jazz à Vienne.
Est-ce pour Ben Sidran la traversée d’un quelconque désert ? Surtout pas. Ce compositeur, poète, pianiste-organiste et chanteur (pour faire court) suit son bonhomme de chemin sans tapages et sans dérapages. Et ce, depuis le départ, c’est à dire depuis une bonne soixantaine d’années, lorsqu’il débute ses premiers concerts, au piano, appliqué et déjà inspiré, et que ses pas l’amènent à jouer avec ces grandes figures que sont Steve Miller, Tony Williams, Blue Mitchell et autre Mose Allison. Parti en Angleterre pour étudier l’histoire et la sociologie, il se retrouve plongé dans l’arène musicale de l’époque, travaillant par exemple avec les Stones et quelques autres.
Ca ne l’a pas arrêté : pour preuve les quelques 30 albums qu’il a enregistrés sous son nom, sans compter les innombrables collaborations qui marquent une vie entière consacrée à la musique sous toutes ses formes.
Un jour aux côtés de Phil Woods, de Roy Haynes, de Monty Alexander, un autre en compagnie de Frank Morgan et de Red Rodney. Ici, en hommage à Bob Dylan, là, appelant à la rescousse poètes, philosophes ou romanciers qui l’ont marqué. Faut-il le rappeler, Ben Sidran sait aussi passer de l’autre côté de la scène et a à son actif de multiples écrits et critiques qui sont autant de balises bienvenues pour nous frayer un chemin sur la musique de ces dernières décennies. Au passage, on se convainc que, durant ce demi-siècle, Ben Sidran a croisé à peu près toute la planète jazz aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis.
Pianiste connu pour son phrasé chatoyant, Ben Sidran est également un chanteur prolifique. Pour preuve de multiples albums : mi-crooner, mi-rap-slam, parlé autant que chanté, d’une voix sans aspérités, le musicien aime ainsi nous plonger dans des atmosphères propres, même si les thèmes susurrés se rapprochent parfois de simples ritournelles. Le concert de samedi soir devrait d’ailleurs laisser une large place aux thèmes chantés, Ben Sidran étant accompagné ici de Léo Sidran, (voix et drums) depuis de nombreuses années à ses côtés et de Billy Peterson : un simple trio pour fêter ce qui sera en tous points des retrouvailles.
* A l’Amphi de l’Opéra de Lyon. Concert unique samedi 3 novembre à 20 heures