Jazz In Lyon

Andy aime l’air de Lyon

Le bonheur parfait d'Andy Emler

 Pour sa deuxième date à l’Opéra de Lyon, Andy Emler nous a concocté deux trios aux petit oignons! Une savoureuse recette qui nous a régalé les oreilles, on en aurait bien repris un peu!

Vendredi 12 février 2016, deuxième soirée de sa résidence à l’Amphi Jazz de l’Opéra de Lyon, Andy Emler a l’air détendu. Il accueille son public avec quelques plaisanteries, le met à l’aise. L’amphi est tellement plein à craquer que certaines personnes n’ont pas pu avoir de place assise et pourtant on dirait presque que nous sommes chez lui, venu pour boire un verre et écouter un peu de musique.

Le format est identique aux autres soirées de sa résidence, deux trios, un set chacun et à la fin, on l’espère, un petit mélange!

Premier Service

Andy Emler, on le sait, aime à s’entourer de musiciens disons plutôt énergiques et généreux, comme lui. Si vous connaissez son MegaOctet, je pense que vous voyez bien de quoi je parle (sinon je vous en recommande l’écoute d’urgence).

Le premier trio de la soirée ne déroge pas à la règle avec l’hyperactif Médéric Colignon (cuivres et ambiances vocales) et la solide Géraldine Laurent (saxophone alto).

                                                                                               La solide Géraldine Laurent

Le répertoire du set est varié et issu de divers albums d’Andy Emler. Dense mais sans complexité inutile, chaque morceau développe de nombreuses ambiances. On passe allègrement de jolis passages calmes (un peu japonisant, dans le style de Ryuichi Sakamoto) à des passages blues, soul, free, rock …

Ce qu’il dit de ses compagnons du soir est également vrai pour lui, Andy Emler a digéré tous les styles de musique. Sa carrière et ses compositions le montrent bien, il navigue entre plusieurs courants et puise son inspiration ça et là.

Bien assis entre les soufflants (musicalement j’entends), Andy assure les fondations sur lesquelles construisent ses acolytes. Comme à son habitude, il développe des riffs main gauche au groove imparable et pousse ses compagnons à la transe. Il enchaîne les improvisations virtuoses avec une décontraction folle. Entre les morceaux, il continue à nous transmettre sa bonne humeur par de petites interventions humoristiques.

Comme à son habitude, Médéric Colignon est le grain de folie de la formation. Entres les passages imposés, il se lâche. Durant ses improvisations (cuivres, beat box, chant …), tout son corps participe, ses mains s’agitent tel un jongleur. Il donne l’impression de vouloir partir dans toutes les directions en même temps, de ne pas vouloir choisir la note suivante mais de jouer toutes celles qu’il imagine.

Géraldine Laurent, au sax alto n’est pas en reste. Ses improvisations s’enchevêtrent avec celles de Médéric dans un flot continu. Elle possède un son bien charpenté, rond et puissant qui évoque le ténor de Sophie Alour.

Deuxième service

Les quarante cinq minutes du premier set ne semblent durer qu’un souffle et c’est au tour du second trio avec Eric Echampard à la batterie et Claude Tchamitchian à la contrebasse.

Comme le souligne Andy Emler, ces trois là se connaissent depuis longtemps, la connivence est manifeste.

Le son du trio est énorme, leur musique est dense, véloce, physique presque. Dans les graves Andy laisse évidemment de la place à la contrebasse mais il développe tout de même ces riffs hypnotiques qui donnent un aspect de transe à la musique.

Le contrebassiste participe beaucoup au gros son d’ensemble. Physiquement comme musicalement, il dégage une énergie impressionnante. Il est comme un lion prêt à bondir, ses grandes mains courent sur le manche, lui et son instrument semblent engagés dans un corps à corps mi-combat mi-tango.

Andy Emler, qui aime bien mettre en avant ses musiciens, présente le batteur comme un maître des sons et des timbres. Et là aussi, c’est tout à fait vrai. Le batteur multiplie les textures, passe des ballets aux baguettes, joue avec des sons stridents et avec la tension des peaux. Il est toujours présent, la bonne intention au bon moment, un vrai travail d’orfèvre.

Et un autre, pour la route …

Pour finir et pour rassasier ceux qui n’en ont pas eu assez (moi, moi ! ), les rappels se font en quintet, avec tous les musiciens de la soirée. Je n’ai encore jamais eu la chance de voir le MegaOctet en concert mais j’imagine que cela doit ressembler à ce final, festif et généreux.

Espérons que l’Opéra de Lyon renouvelle bientôt l’invitation à ces joyeux trublions !

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