Jazz In Lyon

All Night Jazz de Jazz à Vienne : le Brésil enchante la dernière soirée

Seu Jorge, seul en scène, et Bixiga 70, tous en scène, ont rappelé lors de cette dernière nuit de Jazz à Vienne, le jeudi 13 juillet, toute la vitalité de la scène musicale brésilienne. Auparavant, Keziah Jones avait fait le job.

Tiens c’est vrai. Où était le Brésil lors de cette 37ème édition ? Nulle part ou presque. Pas de soirée estampillée Brazil –comme aime le faire le festival-, pas de grandes voix débarquées de Rio ou de Sao Paulo, pas de grandes formations ou de révélations, comme ce Spokfevro Orchestra arrivant de Recife qui avait enchanté une précédente All Night Jazz. Affaire d’actualité, d’absence de projet séduisant ou novateur, ou d’indisponibilité de tel ou tel, sans doute.

Et une chaise tout juste sauvée de la déchetterie

Or, coup sur coup, jeudi 13 juillet au soir, Jazz à Vienne s’est replongé pour quelques heures dans le Brésil. Tout entier. Et de façon étrange. Après un Keziah Jones entouré d’un bassiste velu (Joel Grant) et d’un drum surpuissant (Joshua McKenzie) et chargé de lancer la nuit, machine arrière toute. Au lieu d’aller crescendo dans le tempo et les décibels, c’est comme si Jazz à Vienne avait décidé délibérément de faire retomber le soufflé.

                                                               Keziah Jones (Photo JC Pennec)

Le temps d’un rapide changement de plateau, muni d’une lampe tempête, de quelques bougies et d’une chaise tout juste sauvée de la déchetterie, s’installe Seu Jorge, guitare acoustique à la main. Point. S’il chante en portugais, il se débrouille en français et aime autant parler que chanter. Fait comme s’il avait la nuit pour lui. Entame un récital, les yeux dans les yeux d’un théâtre antique un peu distrait. Au centre comme touché au cœur, David Bowie dont il reprend quelques-unes des chansons les plus marquantes, mais dans sa langue natale.

Ça coule doucement, vaguelettes inspirées, caressantes ou âpres, même si on ne comprend évidemment pas tout. Le silence se fait autour de ces ballades contrastées qui résonne de plus en plus nettement dans un théâtre toujours plus attentif. David Bowie, son père ; deux disparitions qui l’ont frappées coup sur coup et qu’il évoque. Emotion retenue mais palpable, ce qui n’empêche pas de quasi discuter avec la salle. Le rappel est de la même veine. Il dure et personne ne s’en plaint. Là encore, l’équilibre du son fait merveille pour installer le théâtre dans sa dernière nuit.

Seu Jorge (Photo JC Pennec)

C’est Bixiga 70 qui s’y colle : grand moment

Au programme de la soirée, on devrait en avoir fini avec le Brésil pour laisser la place à Con Brio. Et non. C’est Bixiga 70 qui s’y colle. Brésil encore, Brésil toujours. Plus vrais que les vrais avec leurs chemises bariolées. Trop vrai pour être vrai ? La formation est peu connue du côté de Lyon. Une bande de musiciens dont on nous précise juste qu’ils arrivent via un partenariat avec le Sampa Jazz Festival. Ca rassure mais après ?

Ce fut comme un gros diesel qui met une heure à atteindre sa plénitude. Certes, la formation ne plaisante pas : quatre cuivres, trois aux percussions, une rythmique. Et surtout une envie d’en découdre, tendance militant. Ca commence plutôt sagement. Un morceau après l’autre. Le temps d’imbriquer tout le petit monde, de lui laisser le temps d’apprivoiser le lieu. Le plus remarquable, comme souvent avec ce type de formations, est sa montée en régime. Qu’on ne saurait pas situer précisément. Incessante.

Leur façon de pousser le compère à en donner un peu plus, de le rattraper, de chercher dans les percussions le secours et le trait d’union Au fil des thèmes, le concert prend une autre tournure, enfle, se propage, entraîne le public. Eux ne se lassent pas. Au contraire, une façon de rendre le bonheur qu’ils perçoivent ? On parvient à un joli chahut extatique. C’est communicatif. Le théâtre réagit, danse, appelle, retient. Vit un de ces moments rares dont on ne perçoit vraiment la dimension que lorsque les 7 ou 8 compères auront quitté la scène, que les techniciens auront commencer à arracher les scotches de fixation, promesse du non retour.

La nuit se poursuit. On attend encore Con Brio et Guillaume Perret, valeureux, avant l’arrivée du jour, du café et du journal et le clap de fin……

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