Jazz In Lyon

A Vaulx Jazz : Rendez-vous à partir de mardi soir au Centre Charlie Chaplin

Paolo Fresu, Yom, Tony Allen et Nasheet Waits en première semaine.

Après sa traditionnelle montée en puissance, la 29ème édition d’A Vaulx Jazz s’installe à partir du mardi 8 mars au Centre Charlie Chaplin pour deux semaines de concerts. Rendez-vous chaque soir à 20 h 30. Des concerts souvent inédits et une ambiance attachante font du festival, 29ème du nom, l’événement jazz annuel de l’agglomération lyonnaise

A partir de mardi soir, A Vaulx Jazz s’installe, comme chaque année début mars, dans le Centre Charlie Chaplin pour quinze jours de jazz, de musiques improvisées, inventives, inédites. Le tout saupoudré de quatre films musicaux, de découvertes, d’émissions de radio, d’expo.

Laissez bouillir quelques instants. Touillez. Aucun risque que ça retombe. Pas besoin d’ajouter convivialité, humour ou canaillerie : c’est peu dire qu’A Vaulx Jazz est né avec, ou dedans il y a vingt-neuf ans, lorsque Barney Willem avait marqué de sa si belle empreinte la première édition.

Cette fois, c’est une aussi belle empreinte que risque de laisser sur l’édition Paolo Fresu, trompettiste familier, disert et collectif qu’on est à peu près sûr de ne jamais voir deux fois dans la même formation ou le même contexte.

Jeudi soir, pour une soirée « musiques nomades », il laisse là son quintet si inspiré pour entamer un pas de trois venu d’ailleurs : au piano le Cubain Omar Susa et aux percussions l’Indien Trilok Gurtu.

Ça n’est évidemment pas pour déplaire : ces trois musiciens partagent notamment la conviction que la musique ne doit cesser de croiser d’autres façons de penser, de croire ou d’écouter pour se réinventer ou d’enrichir.

D’où ce trio, inédit (en tout cas à Lyon), qui vaut autant par l’expérience de chacun, leurs instruments que par cette démarche musicale annoncée.

Pour le reste Paolo Fresu n’est surtout pas un inconnu. Que ce soit à A Vaulx Jazz où il était présent il y a trois ans avec son Brass Band ou ailleurs.

L’homme, attaché à sa Sardaigne dont il approfondit régulièrement la musique traditionnelle, est un boulimique des rencontres. Ce qui explique qu’il multiplie les apparitions en Europe dans des formations (duos, trios et la suite) constamment réinventées et que tout cela laisse des traces discographiques qu’on ne saurait trop recommander.

Mais si le musicien se prête ainsi à tous les jeux, il n’est pas pour autant un caméléon : sa sonorité, affinée depuis qu’il découvrit Miles en culottes courtes, est d’une finesse unique sur un instrument qui ne s’y prête pas d’emblée.

Elle est le fruit de ses paysages ou de ses intérieurs qui colorent immédiatement le thème ou le pas de deux.

Quand Aka Moon revisite Scarlatti

Bref, on en viendrait presque à oublier que le trio sera précédé par le quartet Aka Moon. Au programme du set, l’album que Fabrizio Cassol (sax), Fabien Fiorini (p), Stéphane Galland (dr) et Michel Hatzigeorgiou (b) viennent de publier et qui revisite Scarlatti. Si, si. Mort en 1757, donc bien avant l’invention du sax.

Le quartet étant plutôt du genre à titille les avant-gardes musicales actuelles, cette visitation d’un passé, fût-il illustre, n’est pas sans risques. On « verra (entendra) bien.

Hommage à Art Blakey

Tony Allen, pour sa part, rendra hommage le lendemain (vendredi) à Art Blakey. Avec un quartet où seront présents Jowee Omicil (sax), Jean-Philippe Dary (p) et Matthias Allamane (cb), la démarche envers le batteur américain au jeu si novateur (alors) n’est pas anodine tant Tony Allen n’a cessé de se décupler vers des rythmes toujours plus modernes ou en rupture.

En tout cas pour cette première semaine, ne pas louper dès mardi le Bal du Grolektif. Ca ne s’écoute pas. Ca se vit. Toujours et encore.

Grolektif et musique klesmer

Seize musiciens-nes qui trempent le jazz dans une sauce « déménagement » en s’affranchissant de tout patrimoine musical avéré. Swing et déhanchement + drôlerie et affinités. Le Grolektif, issu des rivages lyonnais, est une histoire et une affaire de confiance.

Le lendemain, mercredi, Yom et la musique klezmer sont aux commandes de la soirée. Les épisodes précédents d’A Vaulx Jazz ont sans cesse démontré l’attachement du public à cette musique aux fractures universelles qui ici vient faire ami-ami avec d’autres musiques traditionnelles made in US avec leur part de rêves, d’espoirs et de passé à rompre.

Et tout l’intérêt du projet présenté (Songs for the old man) est de traduire cette similitude, Yom étant ici escorté d’Aurélien Naffrichoux (gr et arrangements), Guillaume Magne (gr folk), Sylvain Daniel (b) et Mathieu Penot (on drums).

Signalons la présence de Docteur Lester à 20 heures le même soir au Conservatoire de musique et de danse de Vaulx, et la première partie de la soirée, en entrée libre, restitution d’une master class avec les élèves du conservatoire et quelques musiciens au top tels les trompettes Rémi Gaudillat, Cédric Gautier et Yannick Pirri.

Le poids du Jazz new yorkais se fera ressentir à Vaulx

Enfin, pour cette première soirée on se quittera avec Nasheet Waits (dr) et le Equality Quartet. Pour donner de l’air à cette formation, pas moins de Darius Jones au sax, Mark Helias à la contrebasse et Aruan Ortiz au piano.

Derrière Nasheet Waits, c’est évidemment le poids du jazz new yorkais qui vient peser ici pour un set de qualité. Il aura été précédé par l’ensemble Initiative H, quasi big band à longueur et thèmes variables qui colle, pile, à l’esprit d’A Vaulx Jazz, paradoxalement, le seul événement jazz d’envergure de la Métropole lyonnaise –excepté l’estival Péristyle) inscrit dans la durée : il fêtera l’an prochain ses trente ans ans.

PS : On aurait tendance à l’oublier : vendredi soir rendez-vous est pris dès 20 h 30 avec Pixvae, un sextet magnifique emmené par Romain Dugelay, sax qu’on ne présente plus, et Damien Cluzel, guitare du même acabit (baryton). Ajoutez-y Jaime Salazar, au chant et perçu, Léo Dumont aux drums et Alejandra Charry et Margaux Delatour au chant itou et vous allez là une formation à peu près incontournable.

Quitter la version mobile