Jazz In Lyon

A l’Amphi de l’Opéra de Lyon : le pianiste Fred Nardin et beaucoup d’invités

Trois soirées, trois visages du jeune pianiste en trio, quartet et sextet pour une quête musicale d’ampleur.

C’est un visage familier qui s’installe à l’Amphi de l’Opéra de jeudi 1er mars au samedi 3 mars, le temps d’une résidence en trois temps : Frédéric Nardin, pianiste, organiste, arrangeur, compositeur aujourd’hui très actif dans de multiples formations ou configurations. Genre grand écart, du trio au big band.

On lui doit avec d’autres, et ce n’est pas une mince référence, l’éclosion et la maturation de l’Amazing Keystone Big Band, dont les grandes lignes ont commencé à se dessiner à quelques pas de là il y a quelques années.

Cette fois, à l’Opéra, il profite de cette résidence de trois soirs pour présenter, genre petit poucet, trois facettes différentes de ses quêtes musicales. A nous de suivre le cheminement.

On démarrera jeudi soir en trio (attention, à 20 heures chaque soir). Déjà venu au Périscope l’an dernier, le pianiste consacrera la soirée à Opening, son dernier album, sorti en septembre. Intérêt, il se présentera sur scène avec le même trio : Leon Parker, un batteur avec lequel il croise les mesures depuis sept- huit ans et Or Bareket, à la contrebasse.

Une merveille de cohésion, d’art du trio attentif, facétieux, poursuivant sans jamais en venir à bout, une conversation croisée qui ne cesse de s’enrichir, d’aller et venir au gré de l’humeur et du temps qui passe.

On apprécie l’art des petites touches ciselées du pianiste, phrases à peine suggérées, laissant à l’auditeur le soin de les compléter, et à ses deux interlocuteurs, celui d’escorter, de rompre, de s’écarter ou de mobiliser sur autre chose.

Le temps passant, il n’est pas rare que le trio se laisse aller, une touche de menuet ou ce qui pourrait y ressembler, une autre de musique rageuse, pour laisser la place à un quasi recueillement, une cymbale répondant à une corde de basse dans le plus profond silence.

Au tour de Monk en compagnie du sax Jesse Davis

Comme le veut (ou l’espère) toute résidence jazz à l’Opéra de Lyon, Fred Nardin profitera de son passage pour s’aventurer chaque soir sur un autre terrain. Ca lui va d’ailleurs fort bien, tant le musicien –à peine trentenaire- ne cesse de multiplier tout au long de l’année les expériences et les rencontres musicales, histoire de se remettre en cause, de découvrir d’autres rivages et surtout d’associer le tout dans une patte de plus en plus personnelle.

Si le trio restera le même ces trois soirs, Fred Nardin consacrera ainsi la soirée de vendredi à Monk en invitant pour ce faire à ses côtés le sax Jesse Davis.

L’affaire risque d’être plaisante tant on perçoit dans l’approche du clavier du jeune pianiste certains traits si spécifiques à son aîné américain : ces accords au risque exacerbé, ces clins d’œil agissant comme des flashes, ces ruptures, ces silences qui vous tiennent en haleine sans jamais se banaliser. Par ailleurs, Jesse Davis, qui a poussé à La Nouvelle Orléans, a souvent croisé le sax avec de multiples figures et instruments qui n’ont cessé d’enrichir son jeu. Exemple, Cecil Payne ou Phil Woods.

Enfin, samedi soir, au tour d’un sextet de clôturer ces rencontres. « Find Travelers » ajoutera au trio habituel Sophie Alour (flûte, sax, peut-être clarinette-elle y excelle), Raphaëlle Brochet, (voix aux mille nuances) et Inor Sotolongo aux percussions : Cubain, formé aux bonnes adresses de l’île mais qui a porté le regard bien au-delà de son paradis musical. Ça promet, tant le percussionniste sait impulser aux formations qu’il rejoint des rythmes de toutes couleurs.

Bref, trois soirées, trois concerts aux antipodes, en apparence : tout le charme de l’Amphi…

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